The STOOGES : Don't wanna be your God (biographie)

Publié le par Systool

Parmi les groupes inscrits au panthéon du rock, les STOOGES font figure de vilains petits canards. Le groupe du sulfureux Iggy Pop possédait une hargne et une urgence n’ayant d’égal que la brièveté de sa carrière. En trois albums à peine, les STOOGES demeurent une figure mythique, une métaphore du rock et de ses excès (sexe, violence, drogues, tout y est) ainsi qu’un pionnier du punk rock que la plupart découvriront bien après la scission du groupe, peut-être aussi grâce à la poursuite en solo de son leader.




 

Formés en 1967 à Ann Arbor, dans le Michigan, les STOOGES sont au nombre de quatre : Iggy Stooge au chant (plus tard rebaptisé Iggy Pop, de son vrai nom James Newell Osterberg), les frères Ron et Scott Asheton, respectivement à la guitare et derrière les fûts et enfin Dave Alexander complétant la section rythmique à la basse. On dit que c’est après avoir assisté à un concert des DOORS que Pop décide de se lancer dans la musique. Quoi qu’il en soit, les STOOGES débutent - après quelques dates dans leur région - une tournée dans le midwest américain et se font bien vite la réputation de bêtes de scène agressifs et sans concession, menés par un chanteur la plupart du temps torse nu et ne trouvant rien de mieux à faire que d’étaler du beurre de cacahuètes (quand ce n’est pas du sang) sur son corps à la sécheresse désertique. Un phénomène, bien qu’au niveau essentiellement local, est né.

 


 

Le groupe américain prépare alors son premier album éponyme, produit par John Cale (membre des VELVET UNDERGROUND, autre influence des STOOGES), qui sortira en 1969. Un accueil pour ainsi dire nul, hormis quelques critiques dans les magazines underground, et bien entendu très peu de copies vendues. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les STOOGES n’ont pas encore véritablement percé. On retrouve pourtant sur ce premier LP l’attitude arrogante et nihiliste dont le groupe fait preuve durant ses shows incandescents. Les riffs simplistes et répétitifs de Ron Asheton, une rythmique plombée et la voix brutale d’Iggy sont les ingrédients essentiels de ce brûlot composé des désormais classiques I wanna be your Dog, No Fun et 1969. Par contre, il semblerait que personne ne soit véritablement préparé à un tel assaut sonique. Ni les ROLLING STONES, ni les VELVET UNDERGROUND n’ont pu rivaliser au niveau de la violence pure.

 

 

 

Le public passera allègrement à côté de leur second opus, FUN HOUSE, qui sort quelques mois plus tard. Aux manettes, Don Gallucci des KINGSMEN, bien plus à même de rendre sur bande la hargne caractérisant les STOOGES en concert. Cet album se révèle encore meilleur que le précédent : les titres, toujours aussi simplistes, semblent pourtant plus aboutis. Ainsi Loose, TV Eye et 1970, pièces maîtresses du band du Michigan. Les représentations scéniques sont par contre bien souvent pitoyables, en raison de la prise massive de stupéfiants des musiciens parfois à peine capables de tenir leur instrument. La scission des STOOGES est alors déclarée et Iggy Pop s’en va soigner son addiction à l’héroïne, épaulé par un Anglais faisant fureur depuis la sortie de son album Ziggy Stardust, DAVID BOWIE. Une fois la situation plus ou moins rétablie (non sans quelques remaniements au niveau de la formation), Bowie se déclare en devoir de relancer la carrière de ces bonshommes et leur permet de signer un contrat chez Columbia pour un nouvel album qu’il prendra le soin de produire.

 


 

La controverse a longtemps persisté quant à cette fameuse production : difficultés techniques, mixage un peu léger… quoi qu’il en soit, le son du bien nommé Raw Power va inspirer bon nombre de punks qui embrasseront quelques années plus tard l’attitude et la musique des STOOGES. Rappelons que nous sommes alors encore en 1973. Les hostilités débutent avec le cuisant Search and Destroy, se poursuivant avec l’acoustique Gimme Danger et Your pretty Face is going to Hell au titre explicite et prémonitoire pour l’auditeur. Difficile de se rendre compte du choc que ce groupe devait provoquer à l’époque. Iggy Pop, pas le moins du monde effarouché, nous livre un Penetration où il laisse libre cours à ses pensées coquines en grognant et soufflant comme une bête. La suite, Raw Power, est à l’avenant. On remarquera que la venue de James Williamson à la guitare, laissant le soin à Ron Asheton de se concentrer sur la basse après le départ de Dave Alexander, est plutôt la bienvenue puisque cet album, sans pour autant délaisser les gros riffs fastoches, nous propose également quelques arpèges dont vous viendrez à bout après quelques mois de pratique…

 



 

Malgré de bonnes critiques, l’album est un insuccès retentissant et le groupe ne se relèvera pas de cette énième déconvenue. Leurs chemins se séparent et Iggy Pop lancera une carrière en solitaire, encore une fois aidé par Bowie qui travaillera avec lui pour The Idiot et Lust for Life. On ne reparlera plus beaucoup des STOOGES avant les années 80, où de nombreux groupes réactualiseront leur son (SONIC YOUTH, SIOUXSIE AND THE BANSHEES) et les érigeront au rang de premier groupe de punk rock, tout simplement. Un peu tard, dirons-nous… Il n’est pourtant pas trop tard pour découvrir le garage rock des STOOGES, dont les albums font partie de la collection de tout rock-ophile qui se respecte.

 EDIT : face aux pressions médiatiques (?) et surtout l'appat du gain, les Stooges se sont reformés en 2006 et ont sorti une nouvelle galette, The Weirdness, qui satisfera sans doute les nostalgiques mais n'apporte pas grand chose à l'édifice du rock 'n' roll.

Publié dans Rock Legends

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L
J'ai le premier !Et maintenant l'Iguane fait de la pub pour les portables... quel monde...
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S
Oui... comme quoi même le plus grand des nihilistes peut finalement succomber aux sirènes du marketing... d'ailleurs la reformation du groupe n'y est pas pour rien non plus... A+
S
A écouter : l'excellente version de I wanna be your dog par Emilie Simon !
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S
Yes Sili! Merci
S
Article très instructif...<br /> Ah ce Iggy et ses fucking stooges...<br /> depuis que j'ai entendu L.A. Blues je peus plus me passer de leurs album...
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S
Oh oui les Stooges... quels mythes!<br />
K
les Stooges (surtout le 1er album) ont clairement été un choc total pour moi lors de leur découverte à 18 ou 19 ans environ... (I wanna be your dog, We will fall... de VRAIS claques... alors que paradoxalement je préfère le rock plus calme... mais là c'est du grand art...)<br /> <br /> pour SIOUXSIE AND THE BANSHEES, ils ont été aussi très influencées par Roxy Music, John Cale, Television et Can...
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B
Très bon article, j'aime beaucoup tes talents d'écriture. Sinon l'Iguane fait partie de ma vie depuis quelque temps, as-tu regardé le DVD live à Bruxelles récemment paru? Il vaut franchement le coup,la bête se révèle bien sûr sous tous ses aspects sur scene! <br /> <br /> REP : Merci pour le commentaire. Et surtout merci pour ces précisions au sujet du DVD dont j'ignorais la sortie.<br /> A+<br />
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