RANCID : ...And out come the Wolves (chronique, 1995)
Le punk-rock est un style musical qui est souvent mis à toutes les sauces, selon les modes et les choix des maisons de disques… il suffit de se comporter de manière vaguement rebelle et de composer de courtes chansons aux riffs rapides pour faire partie de cette caste. Les premiers représentants de ce style (CLASH, RAMONES, SEX PISTOLS) ont été particulièrement influencés par les formations telles que le VELVET UNDERGROUND ou encore les STOOGES. Ces dernières années, des groupes comme GREEN DAY, OFFSPRING ou SUM 41 ont été classés dans cette mouvance et ont bénéficié d’un succès conséquent. On peut cependant douter de leur crédibilité et surtout de leur intérêt purement musical. S’il est un groupe qui a su faire revivre ce style avec bonheur, il s’agit bien des Californiens de RANCID. Ces joyeux lurons nous ont livré depuis 1993 de jolis albums, énergiques et bien ficelés, tout en nous exposant leurs racines clashiennes et ska.
…And Out come the Wolves (1995) représente probablement leur meilleur témoignage, ceci grâce à des compositions dynamiques, fraiches et interprétées de manière excellente. Les chanteurs-guitaristes Tim Armstrong et Lars Frederiksen nous pondent des riffs saignants et des accords ska sautillants, tandis que la section rythmique est particulièrement impressionnante, ceci d’autant plus que le punk n’est pas réputé pour posséder de grands batteurs et bassistes. Matt Freeman s’avère sans discussion l’un des bassmen les plus doués du circuit, n’hésitant pas à nous balancer des soli ou des lignes sinueuses sur les accords keupons de Armstrong et Frederiksen. Plein comme un œuf (19 morceaux, 50 minutes, rien à jeter), …And out come the Wolves se déguste de bout en bout avec une innocence juvénile et une rage de tous les instants. Nous reprenons en bref quelques caractéristiques de RANCID.
Ca commence en trombe avec un Maxwell Murder énervé et expéditif, qui se démarque par le tonitruant solo de basse signé Freeman. On sent l’influence majeure des CLASH sur The 11th Hour et Roots Radicals, tandis que Time Bomb, l’un des hits de l’album, nous fait voyager en terrain ska (ah ! Le solo de clavier…). On ressent la joie palpable des musiciens quand ils interprètent des hymnes tels que Olympia, WA ou la suivante, Lock Step & Gone. Junkie Man contient, pour sa part, des scratches de DJ Disk s’intercalant entre les voix rocailleuses de Frederiksen et Armstrong qui se passent le flambeau avec brio. Après l’efficace Listed M.I.A., on retrouve un single qui a fait grand bruit à l’époque de la sortie de …And out come the Wolves, le punk teinté de ska de Ruby Soho et ses mélodies entêtantes. L’agréable avec RANCID, c’est qu’ils donnent l’impression de se faire plaisir en interprétant des titres qui piochent abondamment dans les classiques précités tout en conservant un côté très accessible et immédiat.
Lars Frederiksen échappé du tournage de Jurassic Park 3 ??? (raptor keupon)
Dans la deuxième moitié de l’album, on citera volontiers l’intro de basse de Journey to the End of the East Bay, avant que les guitares surgissent en trombe, mais aussi le ska sympathique de Old Friend, les énervées She’s Automatic et Disorder and Disarray ou encore You don’t care nothin’, l’une des favorites de votre serviteur. Avenues & Alleyways ainsi que The Way I feel, deux titres en demi-teinte, font office de conclusion pour cet album fabuleux distribué par le fameux label Epitaph, propriété de Brett Gurewitz (BAD RELIGION), qui a également collaboré avec NoFX et PENNYWISE. Vous êtes fan de bon rock en général ? Vous aimez GREEN DAY et vous croyez punk ? Venez jouer dans la cour des grands avec RANCID, dans ce cas.
RANCID - ...And out come the Wolves (Epitaph, 1995)