Mike Patton : Mondo Cane (chronique, 2010)
Ces dernières années, les fanatiques transis de Mike Patton doivent prendre leur mal en patience et se contenter des miettes que le frontman des reformés FAITH NO MORE veut bien leur lancer. Ainsi, pas de nouvelle galette de FANTOMAS ou TOMAHAWK depuis belle lurette, ni de projet ultra-captivant. Bien entendu, nous avons pu découvrir avec plaisir la BO du court-métrage A Perfect Place, synthétisant en quelque sorte les différentes facettes du chanteur hystérique. Quelques mois plus tard, c'est celle – passable – de Crank 2 qui sonne à nos oreilles. Et voilà que la version studio de Mondo Cane surgit enfin. Cela fait deux ans que les aficionados de Patton ont pu en effet se délecter d'une poignée de prestations live du crooner en compagnie d'un orchestre, se fendant de reprises de standards italiens des années 50-60.
Pas besoin d'être incollable sur la discographie de Mike Patton pour se rendre compte d'à quel point cette mouvance a été importante dans la création de sa personnalité musicale : tour à tour lyrique, facétieuse, inquiétante et burlesque, la galette résume les différentes influences du vocaliste, formant en quelque sorte une triangulation entre le California de Mr BUNGLE, le Director's Cut de FANTOMAS et la bande originale d'A Perfect Place. Rappelons-nous que Patton, en italophile averti, a déjà pu intégrer la langue de Dante dans ses compositions, notamment sur Violenza Domestica de l'irascible Disco Volante, toujours estampillé Mr BUNGLE. Cette fois-ci, l'exercice est différent puisqu'il s'agit de réinterpréter des classiques doucement kitsch en leur donnant une saveur pattonienne. Le résultat est plutôt probant, cela va sans dire. Tonton Mike est en terrain conquis, que ce soit sur la magnifique Il Cielo in una Stanza de Gino Paoli ou sur la terrible Che Notte! qui introduisent Mondo Cane. Qui d'autre que lui sait proposer ce rendu à la fois passéiste et avant-gardiste? Bien entendu, on est loin des expérimentations de FANTOMAS ; la production est passablement sage et l'orchestration s'avère par ailleurs moins riche que sur les concerts donnés en 2008 (où est passée la trompette de Roy Paci?). La bipolaire Urlo Negro lui va comme un gant, alternant un couplet vengeur et un refrain aux teintes surf-rock, tandis que l'on imagine immédiatement le photogénique Patton avec sa chemise, son bouquet de fleurs et les tifs gominés sur 20 km al giorno. Parmi les surprises, il faut citer l'ouverture de Quello che conta ou encore Scalinatella, une ballade napolitaine avec la mandoline de rigueur dont le dialecte se révèle toujours casse-gueule à retranscrire.
Mike Patton se débrouille en effet plutôt bien avec la langue italienne, même si l'on devine ses origines américaines sur certaines prononciations, et que les « r » roulés à l'extrême en sont parfois presque comiques. Si l'on excepte L'Uomo che non sapeva amare ou la conclusive Senza Fine, moins efficaces, on peut considérer Mondo Cane comme une jolie réussite, en attendant des compositions originales de la part de Patton. Il est par contre dommage de ne pas retrouver de DVD avec la galette, car l'exercice se prête particulièrement à la scène. Che bravo ragazzo che sei, Mike! A presto!
Mike Patton – Mondo Cane (Ipecac, 2010)
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