FREDDIE HUBBARD : L'Escogriffe de la Nuit (biographie)
Né le 7 avril 1938 à Indianapolis, le trompettiste Frederick Dewayne Hubbard, connu sous le patronyme de Freddie Hubbard, a su se distinguer comme l’un des artistes majeurs du jazz, plus précisément durant les années 60. Fils spirituel de Lee Morgan et de Clifford Brown, Freddie fait ses preuves avec les frères Montgomery (Wes et Monk) avant de partir pour New York, où il sera même le colocataire d’Eric Dolphy pendant plus d’une année. Nous sommes alors en 1958 et les projets vont s’enchainer très rapidement : Hubbard enregistre avec Philly Joe Jones, Sonny Rollins, mais aussi John Coltrane (sur l’innovant Olé Coltrane) et le Free Jazz de Ornette Coleman. N’oublions pas de citer le classique Blues and the Abstract Truth de Oliver Nelson.
Hubbard est à peine âgé d’une vingtaine d’années mais se lance déjà dans une carrière solo chez Blue Note qui semble prometteuse dès ses prémices : Open Sesame (1960), Ready for Freddie (1961) et Hub-Tones (1962), entre autres, se révèlent des albums superbes mettant en avant le son chaleureux et volatile de Hubbard qui invite du beau monde en studio, parmi lesquels McCoy Tyner et Herbie Hancock au piano, mais aussi le sax Wayne Shorter et Elvin Jones. Certaines parmi les compositions de Freddie resteront gravées dans la bible du jazz : Birdlike, Crisis, Hub-Tones… On sent d’ailleurs l’influence majeure de John Coltrane, notamment dans l’utilisation de textures modales. Hubbard poursuit ensuite son parcours avec les Jazz Messengers de Art Blakey, dream team de choc qui a vu éclore des talents purs comme Lee Morgan, Wayne Shorter et plus tard Branford Marsalis ou Keith Jarrett. Hubbard viendra prêter main forte à Eric Dolphy sur son novateur Out to Lunch et participera à Ascension, l’un des derniers témoignages du Trane. Il est à signaler que même si Hubbard a passablement contribué au développement du free jazz et qu’il a enregistré le son de sa trompette sur nombre de ces standards, il demeure un fervent représentant du hard bop.
On retrouvera encore Hubbard en compagnie de Herbie Hancock (Empyrean Isles et Maiden Voyage) et Max Roach puis à la tête d’un nouveau combo avec lequel il confectionnera Backlash, mais surtout Red Clay et First Light, deux albums magnifiques sortis sur CTI qui contiennent The Intrepid Fox et les titres éponymes, mais aussi Uncle Albert/Admiral Hasley de Paul et Linda McCartney ! Ces albums présentent l’avantage d’allier une démarche artistique claire et une approche accessible au grand public. Cependant, ses choix suivants se révèleront moins appréciables : souhaitant évoluer désormais dans une veine funk, à l’instar de Herbie Hancock, Hubbard nous livre des albums passables au milieu des années 70 qui contribueront à saper sa réputation.
Les escapades avec les V.S.O.P. (Hancock, Shorter, Hayes et Carter) ainsi que ses prestations durant les 80s nous prouveront que Hubbard est plus à l’aise dans le domaine du hard bop et du jazz modal que dans les embardées fusion - écoutez le live Above & Beyond, enregistré en 1982 à San Francisco et sorti en 1999 sur le label Metropolitan pour vous faire une idée de l’ingéniosité et du talent de Freddie Hubbard, un musicien unique et inoubliable. Ses faux-pas discographiques et certains avatars existentiels - dont une lèvre qui a éclaté, embêtant pour un trompettiste mais paraît-il commun chez ces musiciens, puisque Louis Armstrong et Miles Davis en auraient également souffert - ne devraient pas entacher son parcours exemplaire.