QUEENS OF THE STONE AGE : Songs for the Deaf (chronique)
Les QOTSA ont proposé, depuis toutes ces années, un rock qui semble d’un autre âge : des riffs plombés à la BLACK SABBATH, des solos hendrixiens et des plages druggy et psychédéliques. Le noyau composé du duo Josh Homme (chant-guitare) et Nick Oliveri (basse-chant) a de plus ceci d’intéressant que les deux larrons ont des influences passablement différentes, le second étant davantage portés vers un rock brutal qui lorgnerait du côté du punk. Dès leur premier album éponyme en 1998, les QUEENS OF THE STONE AGE ont su attirer l’attention des rockeurs en mal de sensations fortes qui avaient épuisé les dernières cartouches valides du metal « nouveau ». En 2000, la sortie de Rated R reçoit une véritable ovation et deux ans plus tard, Songs for the Deaf enfonce le clou.
Il faut bien dire que la présence de Dave Grohl à la batterie se remarque assez vite. L’ancien cogneur de NIRVANA et actuel chanteur-guitariste à succès des FOO FIGHTERS avait clamé son admiration pour les Reines de l’Age de Pierre dans les magazines et, comme on dit, cela n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Quid de ces chansons pour les sourds (facile, celle-là…) ? Un concept intéressant, tout d’abord : parsemer les titres d’intermèdes « radio » à l’américaine (country, chicano, catho…) un peu comme le célèbre The Who sell out…
Ça débute en trombe avec l’énervé You think I ain’t worth a Dollar, but I feel like a Millionaire mené par un Oliveri enragé ; ça continue avec les hymnes hommesiens No One Knows et First it giveth, des titres pop-rock à la fois élégants et simplistes. La quatrième piste, A Song for the Dead, chantée par Mark Lanegan (SCREAMING TREES), bénéficie d’un superbe solo, hommage aux plus grands guitaristes (on songe à Hendrix et Clapton). The Sky is falling débute avec une partie plutôt psychédélique avant d’enchainer sur un riff mastoc et la voix aérienne de Josh Homme. Encore un titre qui se place en hymne intemporel du rock.
Après le brûlot Six Shooter de l’endiablé Oliveri, on continue avec Hangin’ Tree, sa rythmique saccadée et la voix éraillée de Lanegan (encore). Le talent de compositeur chevronné de Homme transparait dans les licks déjantés et ses solis jouissifs. La chanson suivante, Go with the Flow, est semblable à First it giveth pour sa construction basique et son refrain accrocheur. S’ensuit un Gonna leave you, ou l’éternelle complainte du rockeur amoureux et déçu, interprété par un Oliveri revanchard.
Homme, plus décontracté, nous balance un Do it again entrainant qui résume bien la « stratégie » musicale du garçon : des riffs massifs mêlés à des chœurs mélodieux, des refrains mémorables et des intermèdes punchy. God is on the Radio reprend le concept général de Songs for the Deaf. Quelques notes de piano, un riff aux saveurs blues-rock et le falsetto de Homme. C’est tout simple, un bon morceau de rock…
L’album se termine en trombe avec d’excellents titres : le superbe Another Love Song d’un Oliveri méconnaissable, avec son lick entêtant, ses claviers et ses chœurs, le pachydermique A Song for the Deaf – Homme faisait quand même partie de KYUSS – et enfin le magnifique Mosquito Song, plage acoustique qui bénéficie d’un intermède avec un violon, un piano ainsi qu’une section de cuivres. On trouvera également sur certaines versions de Songs for the Deaf une quinzième chanson : Everybody’s gonna be happy, aux accents Kinkiens pas déplaisants.
Une heure de musique intense, puissante et mélodieuse, conduite par un Josh Homme touché par la grâce et un Nick Oliveri qui nous gratifie de superbes compositions malgré tout. Les déboires successifs entre les deux complices causeront le départ de Nick le chauve au bouc de 30 centimètres, mais heureusement, Homme ne s’est pas laissé emporter et Lullabies to paralyze (2005), bien qu’inégal, représente tout de même une belle suite à ce fameux Songs for the Deaf, incontestablement l’un des meilleurs albums de rock de ce nouveau millénaire.
A noter qu’une version vinyle de cet album est sortie en 2003 chez Ipecac, le label de Mike Patton le psychopathe (FAITH NO MORE, Mr. BUNGLE, FANTOMAS…).
QUEENS OF THE STONE AGE - Songs for the Deaf (Interscope Rec., 2002)
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