CREAM : A Cor et à Cream (biographie)
Malgré la briéveté de sa carrière et la concurrence de l’époque, CREAM a réussi à s’imposer comme un groupe essentiel de la fin des années 60. Formé par Eric Clapton, Jack Bruce et Ginger Baker, ce power-trio a su, en à peine trois albums, laisser une trace indélébile sur le blues-rock. Son guitariste Eric Patrick Clapp – qu’on ne tardera pas à surnommer « God » (Dieu) – avait déjà officié dans d’illustres formations (Les YARDBIRDS, les BLUESBREAKERS de John Mayall) mais il souhaitait expandre sa musique à une fusion de vieux blues et de rock psychédélique. Quant à Bruce et Baker, respectivement bassiste-chanteur et batteur de CREAM, ils ont fait leurs classes chez GRAHAM BOND ORGANISATION, un obscur groupe de Rythm n’Blues.

Le trio magique : Baker, Clapton et Bruce
Le premier effort de CREAM, simplement intitulé Fresh Cream (1966), contient déjà les ingrédients qui feront le succès de ce super-groupe : des titres pop-rock teintés de psychédélisme et des plages improvisées orientées blues. Témoins en sont les fantastiques Spoonful – reprise de Willie Doxon – ainsi que Toad, un solo majestueux de Ginger Baker qui fait jeu égal avec le Moby Dick de John Bonham (LED ZEPPELIN). Mais les titres pop-rock comme I feel free ou I’m so Glad, sur lesquels Clapton est cependant moins à l’aise, figurent parmi les classiques du band anglais.
L’année suivante, le groupe est prêt pour son LP suivant : Disraeli Gears se révèle un excellent successeur de Fresh Cream, peut-être même plus consistant et équilibré. La guitare magique de Clapton (connu auparavant sous le sobriquet de Slow Hand - main lente) fait des miracles sur Sunshine of your Love, Jack Bruce nous livre des textes empreints de poésie (Tales of brave Ulysses, co-écrit par Pete Brown) et Ginger Baker cogne toujours aussi vite et fort (SWLABR - c'est-à-dire She walks like a bearded Rainbow). On citera encore Strange Brew et Dance the Night away parmi les highlights de Disraeli Gears, un classique intemporel de blues-jazz-rock. CREAM devient une sommité de part et d’autre de l’Atlantique, surtout par l’entremise de son hit Sunshine of your Love, ainsi qu’un événement musical majeur grâce à ses concerts incendiaires où les trois larrons font parler leurs instruments comme personne ; même si l’on a critiqué certaines longueurs en live et un penchant de Clapton à faire de la démonstration, les spécialistes s’accordent généralement pour hisser CREAM au rang des Hendrix (ici) et autres LED ZEPPELIN (là) au panthéon du rock.

Le troisième et dernier album du groupe, Wheels of Fire, est en réalité un double LP : le premier, en studio, contient les excellents White Room et Born under a bad Sign (reprise d’Albert King), tandis que le second, enregistré en live à San Francisco, fait montre de la technique de ces musiciens fabuleux : Crossroads, Spoonful et le terriblement long Toad - la version studio était construite sur un solo de batterie de 5 minutes, ici elle dure plus d’un quart d’heure - de quoi nourrir les détracteurs du groupe qui se sépare quelques mois plus tard, non sans nous offrir une dernière collection posthume de titres studio et live, Goodbye, qui contient le hit Badge (composé par Clapton et George Harrison, déjà partenaires sur While my Guitar gently weeps des BEATLES). On retrouve également des versions live de I’m so glad et Sitting on Top of the World. Jack Bruce est particulièrement impressionnant ici, autant pour sa voix forte que pour son jeu de basse puissant et original.
Souhaitant évoluer sous d’autres cieux, Clapton décide de tenter sa chance en solo, ce qu’il parviendra à faire avec brio, tandis que Baker et Bruce n’atteindront jamais le succès que leur a apporté cette alliance magique de CREAM.

"Oh! Regardez! Un éléphant!"
Vous désirez jeter une oreille à ce groupe mythique ? On ne peut que vous conseiller, parmi les dizaines d’albums live-rares-remasterisés, le récent CREAM : GOLD, un très bel objet qui comprend deux CD (un studio-un live, décidément) : le meilleur du groupe est contenu dans ce double compilé par Universal.