QUEENS OF THE STONE AGE : Lullabies to paralyze (chronique)
Lullabies to paralyze, le dernier bébé des Reines de l’Age de Pierre, ne naît pas sous les meilleurs auspices. On pourrait même dire que les récents changements de line-up faisaient présager le pire : le batteur Joey Castillo n’est pas Dave Grohl et le départ de Nick Oliveri pour des raisons obscures (mauvais comportement...) n’arrange pas les choses ; du coup, le groupe repose principalement sur les épaules de Josh Homme qui ne peut bénéficier de l’apport vocal et musical de son pote de débauche Oliveri - ce dernier nous a tout de même gratifié de titres tels que Auto Pilot ou encore Another Love Song par le passé. Mais l’ami Josh n’est pas du genre à se dégonfler et Lullabies to paralyze est l’album tant attendu auquel on ne s’attendait pas!
En guise d’introduction, on nous propose une brève mélopée, This Lullaby, avec les arpèges de Homme et la voix de Lanegan, l’ex-SCREAMING TREES dont le nombre de clopes fumées se rapproche dangereusement de l’infini. Josh nous balance ensuite Medication comme un maître désinvolte et bienveillant lance un os à son chien, tout en le prévenant qu’il n’y en aura pas beaucoup d’autres comme ça. Eh oui, ceux qui espéraient un album clone de Songs for the Deaf risquent fort d’être déçus.Everybody knows that you’re insane - message à peine voilé à Nick Oliveri - et Tangled up in Plaid font la transition entre le passé et le futur, incluant les éléments qui ont fait le succès des QOTSA (gros riffs, refrains expéditifs, voix aérienne). Billy Gibbons, un des barbus des ZZ TOP, est l’invité de marque de Burn the Witch (on nage en plein délire), sorte d’hymne païen qu’on chanterait autour d’un feu.Un gros quart d’heure est passé et on commence à se demander ce qu’Homme et ses potes vont bien pouvoir encore inventer. In my Head, qui se trouvait sur DESERT SESSIONS 9-10 et que Josh a repris à son compte (ben voyons) et Little Sister - premier single - nous font voyager en terre connue. On frappe furieusement du pied tout en appréciant les envolées lyriques du rouquin au mulet.La deuxième moitié de l’album recèle des surprises agréables : I never came est touchante d’émotion, Someone’s in the Wolf, avec ses riffs tordus et ses choeurs allumés, explicite la thématique de la pochette : les contes des frères Grimm dont Josh Homme serait très influencé. The Blood is Love, psychédélique à souhait, constitue l’autre moitié de ce diptyque assourdissant.La suite, par contre, est moins percutante : hormis le rolling stonien Broken Box, on doit subir le bluesy You got a Killer Scene there, man, dont on a l’impression qu’il fait partie d’un simple jam en studio et qu’il a été inséré sur l’album par inadvertance. J’exagère à peine... Le closer Long Slow Goodbye, un peu répétitif malgré les trombones et autres pouet pouet, et la bonus track Like a Drug, très « atmosphère club de blues», constituent la note finale un peu étouffée de cet opus. Si c’est de l’humour, c’est pas drôle.
Entouré de musiciens inspirés et consciencieux - Troy Van Leeuwen en tête - Josh Homme nous livre un album mature, assez varié musicalement, mais dont le troisième tiers nous reste un peu en travers de la gorge ; sans être foncièrement mauvais, il dépareille grandement avec le reste de la production qui est de très bonne facture. C’est plutôt rageant car Lullabies to paralyze aurait bien pu être le disque pour lequel on se rappellera des QUEENS OF THE STONE AGE. Peut-être le sera-t-il malgré tout...
QUEENS OF THE STONE AGE - Lullabies to Paralyze (2005)