Don DeLillo : Cosmopolis (éd. Babel)

Publié le par Systool

Eric Packer n'est pas à plaindre. 28 ans, financier riche comme Crésus, il vient de se marier à une femme belle et aisée, elle aussi. Il ne la connait pas vraiment, mais peu importe. Il n'a pas le temps de s'intéresser à ce genre de détails. Aujourd'hui, la mission consiste à rendre visite à son coiffeur habituel, qui loge dans le quartier ayant vu grandir son père, près de la 10ème Avenue. Désormais, Eric fréquente plutôt Manhattan, bien plus huppée. A vrai dire, il passe le plus clair de son temps dans sa stretch-limousine, comprenant tout l'attirail nécessaire à son confort : finition en marbre, écrans plats, mini-bar et garde du corps. On n'est jamais trop prudent, surtout lorsqu'on tient le monde par les couilles - économiquement parlant. Le hic étant que contre toute attente, la cote du yen monte dangereusement, ce qui est synonyme de débacle pour M. Packer, individu passé maître dans la prévision des fluctuations boursières. Les devises évoluent pourtant selon des règles très strictes, des symétries dont Packer a le secret. Parallèlement à cela, Eric va faire face à plusieurs événements qui précipiteront sa mort.


Considéré comme l'un des auteurs américains les plus influents de ces cinquante dernières années, Don DeLillo n'a cessé de dépeindre dans ses romans le rôle de l'information, la société de consommation et les menaces à l'intégrité familiale et sociétale. Dans l'Amérique post-11 septembre, son oeuvre résonne désormais comme celle d'un visionnaire. Néanmoins, on ne peut pas exactement qualifier ses récits de « science fiction » ou d'anticipation, tant la thématique s'ancre dans une réalité tangible : le rôle prépondérant des médias, le terrorisme, le phénomène de masse. Ainsi, Underworld ou Libra ont été cités comme les romans phare de cet auteur qui s'est mis tardivement à l'écriture et qui a bénéficié d'une reconnaissance notable passé l'âge de 50 ans. Le premier s'étend sur une période de quarante ans et constitue un modèle de post-modernisme, mêlant des préoccupations sur l'Amérique de la Guerre froide à un événement sportif majeur, la finale de baseball de 1951 et plus précisément, la curieuse destinée d'une balle arrivée dans les mains du personnage principal. Libra relate quant à lui la vie (présumée) de Lee Oswald, tenu responsable de l'assassinat de J.F. Kennedy.




Dans Cosmopolis, paru en 2003 et dédié à Paul Auster, DeLillo poursuit sur sa lancée. Après une introduction difficile, on entre enfin dans le vif du sujet et on suivra Eric Packer dans ce qui va s'avérer la dernière journée de sa vie et où, dans un ultime tour de carrousel halluciné, il va rencontrer pléthore de personnages : sa femme, un médecin hypotrophique des sentiments (pléonasme?), une légende du rap et un psychotique en cavale. On saluera le style particulier de DeLillo, à la fois informatif et minimaliste, certains l'ayant même comparé au système hypertexte. De par son caractère moins novateur, Cosmopolis a été quelque peu boudé par la critique, mais DeLillo n'étant pas le premier tâcheron venu, il saura vous séduire sans peine... Dans le cas contraire, vous pouvez toujours vous jeter sur Falling Man, paru il y a quelques mois, qui retrace les secousses émotionnelles d'un individu après les événements du « nine-eleven ».


Don DeLillo – Cosmopolis

disponible aux éditions Babel

Publié dans Books

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S
D : T'es chou, D! :-) Non mais voilà... si c'est le problème, je vais un peu ralentir la cadence ;-)Bonne fin de soirée et merci!!!
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D
lolMais si ! Simplement, tu as un rythme de publication depuis ton retour que les tortues de ma trempe peinent à suivre...Cela dit, tu es la première personne à me donner envie de lire DeLillo. Tout n'est pas perdu, donc :-)A plus, doc'En espérant que tu vas bien...
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S
Dites-moi tout de suite si cet article ne vous intéresse pas ;-)SysT
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