LITTLE MISS SUNSHINE (Dayton & Faris, 2006)
Toutes les personnes de ma génération ont connu les petits livrets de Roger Hargreaves, les Monsieur Madame (Mr Men and Little Miss) : Monsieur Musclé, Madame Autoritaire… l’un des personnages les plus sympathiques est Little Miss Sunshine (Madame Bonheur), avec sa bouille jaune et ses nattes. Little Miss Sunshine, c’est aussi un concours du genre reine de beauté pour les petites filles auquel souhaiterait participer Olive Hoover (Abigail Breslin), une fillette de 7 ans avec une bonne bouille et habillée en jaune également. Son père Richard (Greg Kinnear) n’aime pas les losers et il cherche désespérément à vendre sa méthode vers le succès qui passe par 9 étapes. Son épouse Sheryl (Toni Collette) essaie tant bien que mal de recoller les morceaux dans sa famille haute en couleurs : un père morphinomane et pervers (Alan Arkin), un fils, Dwayne, se promenant sans cesse avec un exemplaire de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche ayant décidé de ne communiquer qu’au moyen d’un bloc-notes (l’excellent Paul Dano, qu’on a pu apprécier dans There will be Blood) et un frère homosexuel, enseignant en lettres qui a fait une tentative de suicide il y a peu suite à une rupture sentimentale (Steve Carell). Le film nous conte ce voyage de trois jours en direction de la Californie qui permettra à cette petite famille de soutenir le rêve un peu fou d’Olive et par la même occasion d’affronter ensemble ses déboires.
LITTLE MISS SUNSHINE est un film agréable, un road-movie doux-amer, à la fois tendre dans la relation que les personnages entretiennent entre eux et critique envers cette société américaine superficielle, sans être pour autant particulièrement virulent. Car au bout de ce voyage, on assistera évidemment à ce concours où les petites filles sont « déguisées » avec force maquillage et tenues provocantes (pour leur âge, hein !) alors que la petite Olive est plus nature, forcément. Les réalisateurs Jonathan Dayton et Valerie Faris choisissent l’option la plus adéquate (et la plus prévisible), à savoir éviter un happy end consistant à faire gagner la gentille Olive Hoover, et ne pas non plus plomber l’ambiance avec une fin tragique. Mais au-delà de ce concours, ce sont bien entendu les jolis portraits brossés par le binôme Dayton/Faris qui nous intéressent : ce père rigide ne sachant pas se remettre en cause, le jeune Dwayne qui, tout zoroastre qu’il se croyait, finit par être atterré par une certaine découverte, le grand-père grognon (la scène à l’hôpital est pour le moins cocasse) et un Steve Carell touchant en homo paumé, loin des stupides comédies auxquelles il nous a habitués (40 ans toujours puceau, Max la Menace). Vainqueur de nombreux prix – qu’on qualifiera de mérités – tels que Meilleur Film (Independent Spirit Award), Meilleur scénario original (Oscars, British Awards), le film aura également permis de diriger les projecteurs sur les talents prometteurs que sont Paul Dano et Abigail Breslin. C’est déjà ça.
LITTLE MISS SUNSHINE
USA – 2006
Réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris
Avec Greg Kinnear, Toni Collette, Steve Carell