CHRON'ESPRESSO 1 : One Day as a Lion, MGMT, Soilent Green, Erykah Badu

Publié le par Systool



ONE DAY AS A LION : One Day as a Lion EP (Anti Rec., 2008)

Hormis à l'occasion de la sortie de quelques titres épars, notamment avec DJ SHADOW, on avait peu entendu parler de Zack De la Rocha depuis le split de RAGE AGAINST THE MACHINE. La reformation du combo de fusion californien – pour l'instant uniquement sous forme d'une tournée mondiale – a remis au goût du jour (?) l'amalgame rap et rock. Profitant de cette embellie commerciale, le leader de RATM nous livre donc 5 titres enregistrés avec Jon Theodore, ancien batteur de MARS VOLTA. Le résultat manque cruellement d'originalité, si l'on excepte un titre où De la Rocha s'essaie au chant à proprement parler (Ocean View). Pour le reste, on a droit à un flow toujours très incisif et revendicateur, mais dont l'accompagnement musical peine à proposer plus qu'une grosse basse et des arrangements sans cette flamme qu'apportait Morello. Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton, certes. Peut-être que le lion De la Rocha s'est trop longtemps reposé sur ses lauriers car créativement, il semble aussi inoffensif que le chiot de ma voisine. 3/5

le myspace de One Day as a Lion




MGMT : Oracular Spectacular (Red Ink/Columbia, 2008)


Le moins que l'on puisse dire, c'est que la pochette d'Oracular Spectacular m'a laissé perplexe. Et pourtant, j'ai persévéré, me disant qu'il s'agissait d'un mauvais goût assumé et que le contenu saurait contredire mes préjugés les plus tenaces. C'était sans compter sur les 10 titres qui composent le premier album du duo new-yorkais comprenant Ben Goldwasser et Andrew Van Wyngarden. Claviers dégoulinants, gargouillis électroniques kitchissimes et choeurs eighties que l'on croyait définitivement enterrés, voici les armes (fatales) de MGMT, cocktail indigeste de Bowie (période Let's Dance), Mika et les KINKS remixés à la sauce électro-psychédélique. Bien sûr, on ne peut que fondre à l'écoute de certaines mélodies (Wicked Wars), mais le plus souvent, les enchainements se révèlent embarrassants, tant le duo semble vouloir en mettre plein la vue, malheureusement sans ligne directrice et avec un goût pour le moins discutable. Alors, MGMT, nouvelle coqueluche indie? Fer de lance du néo-psychédélisme? Je vous laisse seuls juges. 2,5/5

le myspace de MGMT




          SOILENT GREEN : Inevitable Collapse in the Presence of Conviction   
(Metal Blade, 2008)


Un chanteur mort dans un accident de la route, un autre emporté par l'ouragan Katrina, un bassiste assassiné. Il ne fait pas bon trainer dans le giron de SOILENT GREEN, collectif grindcore issu de la Louisiane qui nous avait pondu un Sewn Mouth Secrets mémorable il y a de cela dix ans. Une fois recruté un nouveau brailleur, en la personne de Brian Patton (EYEHATEGOD), la bande s'est gentiment remise en selle : guitares heavy teintées de saveurs sudistes, hurlement gutturaux et rythmique effrénée. Pas de doute, il s'agit bien des mêmes larrons survoltés. On remarquera cependant que la modulation du chant de Patton est moins marquée que celle de Ben Falgoust qui passait de piaillements suraigus à des beuglements d'ours mal léché. De même, la production se révèle nettement plus clean, à l'image des guitares qui n'émettent plus ce bourdonnement d'equalizer à fond les ballons. De la belle ouvrage, malgré tout. On notera, une fois n'est pas coûtume, l'artwork assez particulier : exeunt les inclinations néo-romantiques ; cette fois-ci, on aura droit à des personnages de comics signés John Van Fleet. 3,5/5

le myspace de Soilent Green










ERYKAH BADU : New Amerykah part 1 (4th World War) (Universal Motown, 2008)

La véritable diva de la soul des 90's est de retour cinq ans après un Worldwide Underground pour le moins méprisé par la presse, ceci fort injustement, si vous voulez mon avis. Nous voici donc embarqués dans un train à destination de cette Amérique de tous les paradoxes et de toutes les promesses : système de santé déplorable, société en manque de repères... Une ambiance assez désespérée qui nous poursuit d'un bout à l'autre et qui est particulièrement manifeste sur la conclusion apocalyptique de Twinkle. On signalera également l'hommage émouvant à J Dilla, producteur de hip hop décédé en 2006, sur Telephone. Si l'on fait abstraction des textes, on est en présence d'une musique très rafraichissante, qui mêle avec un bonheur inégalé soul, hip hop et funk, melting pot explicité par la pochette de ce New Amerykah, clin d'oeil évident à PARLIAMENT/FUNKADELIC. 4/5

le myspace de Erykah Badu



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S
Vincent : C'est vrai que la musique de MGMT est chargée de références qui forcent le respect!
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V
Pour ma part, MGMT c'est plutôt le fer de lance du néo-psychédélisme, une réappropriation de 40 ans de pop. Un seul morceau est capable d'évoquer à la fois Jagger, les Flaming Lips, of Montreal et Bowie, et c'est grandiose à mon sens.
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S
Mary : Oh... on n'est pas non plus unanime sur la qualité de cet album de MGMT...http://www.metacritic.com/music/artists/mgmt/oracularspectacular?q=mgmtDans tous les cas, je ne suis pas en train de dire que c'est un mauvais album... loin de là, juste un peu indigeste, par moments... et sans doute un peu surestimé!
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M
Délicat.. Des critiques négatives des MGMT on en voit rarement. je fais parti de ces nouveaux adeptes, pourtant je comprends le point de vue. Je pense qu'ils deviennent assez mainstream contre le gré on verra l'évolution.
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S
Klak : J'ai failli faire une remarque sur l'homonyme de Mikey Patton, mais bon... c'est vrai que par moment, je me dis que je devrais presque rebaptiser mon blog en référence à Patton ;-)
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