SONIC YOUTH : Dirty Roots (bio)

Publié le par Systool

SONIC YOUTH, ce sont un peu les derniers des dinosaures du rock alternatif. Ce groupe aux aspirations indépendantes et aux sonorités bruitistes créé en 1981 n’aura de cesse, jusqu’à aujourd’hui, de délivrer une musique éthérée et expérimentale qui doit autant aux STOOGES et au VELVET UNDERGROUND qu’au hardcore new-yorkais. Formé du chanteur-guitariste Thurston Moore, de la bassiste-chanteuse Kim Gordon et du guitariste Lee Ranaldo, il faut ajouter au trio magique le batteur Richard Edson et la claviériste Anne DeMarinis qui quitteront le groupe avant la composition du premier album, Confusion is Sex.

 

En 1985, SONIC YOUTH atteint pour la première fois son idéal de post-rock à base de sons dissonants mais qui présente malgré tout une certaine structure pop ; il s’agira de l’album Bad Moon Rising, dont on retiendra le titre Death Valley ’69. Quelques mois plus tard le batteur Bob Bert, qui assurait l’intérim, est remplacé par Steve Shelley qui occupera le tabouret de façon permanente. Le groupe se met en tête de décrocher un contrat acceptable avec un label qui leur permettra de s’expandre au niveau commercial et c’est la maison de disques SST qui signera leur effort suivant, EVOL. Le disque représente la première partie d’un triptyque théorique de toute beauté, complété les deux années suivantes par Sister et Daydream Nation. On retrouve dans EVOL des morceaux tels que Shadow of a Doubt et Expressway to yr Skull. Sister (1987) contient, pour sa part, des classiques comme Tuff Gnarl, Schizophrenia et Kotton Krown et se révèle l’une des œuvres musicales les plus réussies de la décennie au sens strictement artistique du terme, au même titre que Daydream Nation (1988), peut-être leur témoignage le plus abouti d’une musique intemporelle et explosant les barrières du rock (cf la chronique de Thom).

 

 

 

On retrouve sur cet album des plages post-punk telles que Silver Rocket et des ambiances trippées et atmosphériques (‘Cross the Breeze) sans oublier les références que sont Teenage Riot, le rock ‘n roll Total Trash et Candle. Les difficultés de distribution des albums de SONIC YOUTH, qui bénéficie d’autre part de l’appui de nombreux fans, vont conduire le groupe à signer chez une maison de disque plus réputée, David Geffen Company, non sans réclamer une liberté totale dans ses compositions. Le premier album issu de cette longue collaboration n’est autre que Goo, un LP inférieur à ses prédécesseurs mais qui recèle néanmoins de jolies pépites comme Dirty Boots, Tunic et Kool Thing (avec Chuck D de PUBLIC ENEMY). A noter qu’une version « double » est parue en 2005 et qu’elle saura satisfaire les fans de la première heure, tandis que les auditeurs occasionnels pourront se passer sans peine de ces demo versions supplémentaires…

 

Le disque suivant, Dirty, possède la particularité d’être produit par Butch Vig, l’homme derrière le fameux Nevermind de NIRVANA, signé un an plus tôt chez Geffen grâce à… SONIC YOUTH. Dirty contient certains hits tels que les politiques 100% et Youth against Fascism ainsi que la magnifique Wish Fulfillment. L’explosion du grunge quelques mois plus tôt permet une assimilation de la bande de Thurston Moore à ce genre, mais il faut avouer que la similitude est davantage dans l’attitude anti-commerciale que la musique à proprement parler. Quoi qu’il en soit, SONIC YOUTH devient l’un des paradigmes du vrai courant alternatif du rock et les sorties discographiques de ces dix dernières années ne risquent pas de changer la donne !

 

 

Steve Shelley, Thurston Moore, Kim Gordon, Lee Ranaldo et Jim O'Rourke

"- Vous le reconnaissez? - oui, c'est le grand échalat avec sa chemise à carreaux"

 

 

 

Première déception cependant en 1994, avec le policé Experimental Jet Set, Trash & no Star, un album dénué de la verve créatrice et explosive des Daydream Nation et autres Sister. La production proprette de Butch Vig peut être clairement mise en cause, mais l’intégrité des SONIC YOUTH, appatés par les sirènes du mainstream, se révèle à son tour discutable. Heureusement, les Américains retournent sur le droit chemin avec Washing Machine (1995), un disque aux compositions plus ramassées, si l’on excepte le morceau-titre et la conclusion Diamond Sea, et qui reflète à nouveau le talent expérimental du quatuor. Leur LP suivant, A thousand Leaves (1998), reprend une thématique musicale post-rock, courant moderne dont TORTOISE et PAVEMENT ont repris le flambeau.

 

Après un NYC Ghosts & Flowers plutôt décevant et une série d’EP auto-produits (SYR 4 et SYR 5), les SONIC YOUTH sont de retour dans le nouveau millénaire avec Murray Street (2002) et Sonic Nurse (2004), qui voient la présence de Jim O’Rourke, musicien avant-gardiste, comme membre à part entière du groupe. Des titres tels que The Empty Page, Rain on Tin ou Pattern Recognition sont à placer parmi les prestations les plus valides de SONIC YOUTH, un band qui a de la bouteille mais qui nous prouve à chaque nouvelle sortie qu’il a encore quelque chose de poignant et inspiré à nous apporter.

Publié dans Rock Classics

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Tu trouveras des titres rares de Sonic Youth à télécharger ici : http://berkeleyplace.wordpress.com/ (billet du 28 juin 2007 ! ! !
Répondre
S
Merci pour l'info et avis aux amateurs!
M
Hello SysTool :-)Un passionné... Merci de nous faire partager celle-ci!Bonne journée, et à bientôt.Byeeeeeeee
Répondre
S
Hello Moâ! Fan de SONIC YOUTH??A+
K
Je connais encore très mal mais j'avais bien aimé "Goo", leur son est vraiment très étrange, entre le Velvet et Suicide peut être pour la distorsion permanente...
Répondre
S
C'est tout à fait ça, et c'est ce que j'ai essayé de décrire en citant les Velvet et les Stooges comme influence sonore ;-)A+ KF et merci encore pour ton riche passage :-D
Y
Bel article. Je pète un trackback, sys!
Répondre
S
Yes YanniG ;-)
M
Wahou ! ça ne me rajeunit pas tout ça mdr ;-PJ'écoutais Sonic Youth il y a une bonne douzaine d'année !J'avoue que je n'ai pas trop suivi ce groupe ensuite mais cela me rappelle des souvenirs ^^bisous bisous ;-)Mélie
Répondre
S
Ciao Mélie! Je suis content de te revoir par ici ;-) Eh eh, Sonic Youth...