7h58 ce samedi-là (Sidney Lumet, 2007)

Publié le par Systool

Les 12 Salopards, Serpico, Un après-midi de chien... Nombre de réalisateurs actuels ne peuvent pas se targuer d'avoir pondu une fois dans leur carrière un tel classique. Sidney Lumet, véritable légende vivante, les a accumulés avec une aisance effrontée, même s'il s'est fait nettement plus discret ces vingt dernières années. Le vétéran revient avec Before the Devil knows you're dead, sorti dans l'indifférence générale aux Etats-Unis en 2007 (les rares critiques étant dithyrambiques) et paru en Suisse récemment - vous savez bien, on est uuuunnn peeeeeuuuu leeeennnnts. Lumet réunit Philip Seymour Hoffmann (Capote, Magnolia), Ethan Hawke et la trop rare Marisa Tomei. Le topo s'avère assez basique : Andy Hanson (Hoffmann), un comptable new-yorkais en dèche, met au point un plan qui lui permettrait de renflouer ses caisses. Pour cela, il met son frère Hank (Hawke) au parfum : dérober la bijouterie des parents située en banlieue, un samedi matin, alors qu'une vieille amie de papa et maman tient la caisse. C'est l'histoire de quelques minutes : tenir la mémé en joue, s'emparer des babioles d'une valeur d'environ 600'000 USD et foutre le camp, sans faire de victimes. Les parents seront remboursés par l'assurance tandis que Hank et Andy se partageront le pactole. Quoi de plus simple? De par sa profession, Andy connait du monde dans le bled, c'est pourquoi il laisse le soin à Hank de gérer le casse. Celui-ci va collaborer avec un ami qui se chargera du braquage à proprement parler alors que Hank attendra dans la voiture. Evidemment, l'histoire tourne au vinaigre et les deux frangins vont devoir affronter les difficultés inhérentes à la situation : dissimuler les preuves, éviter que leur père soit au courant de l'identité des malfrats et gérer leurs problèmes financiers. D'ailleurs, Lumet nous impose d'emblée cette déroute puisque la scène du braquage a lieu assez tôt dans la chronologie.



L'intérêt du film réside dans les différents points de vue que le réalisateur va nous proposer : en effet, il n'aura de cesse d'enchaîner les scènes avant, pendant et après le casse, dans un ordre tout à fait aléatoire. Ainsi, le spectateur obtient les éléments au compte-goutte et peut patiemment reconstituer le tableau final. Inutile de préciser qu'il ne faut pas s'attendre à des retournements de situation comme il est coutumier de les trouver dans les réalisations actuelles. Il y a bien entendu un certain suspense, puisqu'on se demande comment vont évoluer les personnages, mais au fond, le message de Lumet consiste surtout à aborder la problématique familiale de ces deux frères au caractère assez opposé : Andy est un individu égoïste et sans scrupules, dont la relation avec sa femme Gina (M. Tomei) bat de l'aile. Les perspectives de Hank ne sont pas plus reluisantes : il doit constamment lutter pour payer la pension alimentaire de son ex-femme afin de conserver un semblant de crédibilité auprès de sa fille et s'envoie en l'air en secret avec la femme de son frère. Face à ce désastre familial, le père, Charles Hanson (Albert Finney), va tenter de faire la lumière sur cette affaire et sera abasourdi par ce qu'il va découvrir.



En somme, Lumet revient avec une production remarquable après un passage à vide qui aura duré quelques années. Le duo d'interprètes principaux fait la différence : Philip Seymour Hoffmann se révèle toujours aussi étonnant, prouvant s'il était nécessaire qu'il est l'un des acteurs les plus brillants et intègres d'Hollywood. Ethan Hawke, en petit frère paumé, livre également une prestation très réussie, mais Tomei et Finney ne sont pas en reste. La qualité du script (signé Kelly Masterson) représente sans aucun doute un autre bon point. Enfin, la patte du génial réalisateur, notamment dans ce cadrage sans cesse en mouvement, contribue également au succès critique de 7h58 ce samedi-là, malgré un rythme parfois un peu mollasson. A 84 ans, Sidney Lumet montre qu'il faudra encore compter avec lui en termes de vrai cinéma, celui qui a des tripes et du coeur et qui ne consiste pas juste à créer un amalgame entre un clip MTV et une pub pour dentifrice.




7h58 ce samedi-là (Before the Devil knows you're dead)

USA – 2007

réalisé par Sidney Lumet

avec Ethan Hawke, Philip Seymour Hoffmann, Marisa Tomei, Albert Finney


 

 

 

 

 

 

 



         


Publié dans Movies

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S
Carole : Coucou!!! Content de voir qu'il t'a plu... Hellboy 2, vu avant-hier, ne m'a pas laissé la même impression... en même temps, c'est vraiment pas le même genre de film... ;-)
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C
J'ai beaucoup aimé ce film et les acteurs sont excellents dans la loose...A plus!
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S
Syco : C'est vrai qu'Ethan Hawke n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un acteur de "premier plan" du point de vue glamour... mais il se démène avec brio dans la plupart des films que j'ai vu de lui récemment...
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S
Ca a l'air bien ! On propose de plus en plus de rôles intéressants  à Ethan Hawke, cool ! ^
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S
Ska : Ben en fait, je n'ai pas vu Le Prince de NY... :-) Mais on dirait qu'il vaut la peine...
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