Chron'espresso 13.1 : Ventura
VENTURA – We Recruit (African Tape, 2010)
Les amateurs d'emocore, et plus particulièrement ceux qui se souviennent avec émotion (hum) des défunts SHOVEL doivent nourrir l'espoir de revivre de tels plaisirs avec VENTURA, déclaré « best fuckin' band in the world » par Bif dans le dernier numéro de NOISE MAGAZINE. Le power trio lausannois comprend en effet des membres d'ILLFORD, ISCARIOTE et SHOVEL. Après un premier album, Pa Capona (2006), et divers split-EP, voici que la formation remet les couverts avec We recruit, soit 9 titres faisant la part belle aux atmosphères bipolaires qui lui sont chères. A l'écoute de cette grosse demi-heure de hardcore mélodique, l'on ne peut s'empêcher de penser à HELMET, SONIC YOUTH et toute la clique emo des 90's : des couplets planants avec la voix fluette de Philippe Henchoz, des refrains le plus souvent instrumentaux, toutes guitares dehors, dans une déflagration riffique monumentale, alliant subtilité et pesanteur. Le premier titre, Brace for Impact en est un exemple flagrant. On appréciera la traduction littérale français-anglais digne de Jean-Loup Chiflet : With ifs, you'd put Paris in a Bottle, ainsi que la rythmique punky de 24'000 People. Le regret majeur que l'on peut formuler à l'égard de We recruit, c'est la construction similaire des titres, ce qui peut s'avérer lassant, en fin de course. Meilleur groupe du monde? Non, certainement pas. Ce n'est pas même l'album de l'année, mais il ravira les audiophiles accro aux décibels, neurones inclus. A noter que VENTURA s'est fendu d'une collaboration avec David Yow (JESUS LIZARD) dont le fruit est paru il y a peu chez African Tape.
3,5 / 5