CHARLES MINGUS : You'd better git it in your Soul (biographie)

Publié le par Systool

Parmi les grands jazzmen qui ont marqué la deuxième moitié du XXème, il en est un qui s’est particulièrement illustré pour son anti-conformisme et son parcours musical, en dehors du fait d’avoir été le plus talentueux contrebassiste du jazz : Charles Mingus. Tout en évitant soigneusement de tomber dans la caricature, on pourrait dire que l’ami Mingus était un puits de paradoxes : inventif mais souvent abordable par une sphère d’auditeurs moins restreinte que celles de ses comparses, l’Américain savait puiser son inspiration dans le traditionnel tout en ayant un regard résolu vers l’avant. Gros nounours qui pouvait être très méchant, il eut passablement de différends avec d’autres musiciens tout au long de sa carrière, elle-même très tortueuse et en proie à des désagréments financiers multiples.

 

 

Né en Arizona le 9 avril 1922, Charles Mingus passe son enfance à Los Angeles, plus précisément dans le quartier de Watts. Chez lui, aucune musique n’est permise, mais bravant les interdits, le jeune Charles acquiert un disque de Duke Ellington, qui deviendra d’ailleurs l’une de ses influences majeures. Les notes de East St. Louis Toodle-Oo résonnant à ses oreilles se révèlent un coup de détonateur : Mingus décide de jouer de la musique ! Débutant avec le trombone à six ans, il choisira la contrebasse quelques années plus tard et à vingt ans à peine, part en tournée avec Louis Armstrong ! Il faudra cependant attendre le début des années 50 pour que Mingus bénéficie d’une attention plus soutenue et joue avec des talents confirmés comme le pianiste Art Tatum, Charlie Parker et son idole Ellington, qui finira même par le virer, preuve que le caractère de Charles Mingus était déjà alors bien trempé.

 

En 1952, il crée son propre label, Debut Records, qui permettra la sortie de disques au panel très large durant ses quelques années d’activité. 1956 voit la sortie de l’un des joyaux de Mingus, Pithecanthropus Erectus, qui l’élève d’emblée au rang des compositeurs jazz les plus doués, au même titre que ses sorties discographiques suivantes s’enchaînant à un rythme frénétique : The Clown, New Tijuana Moods ou encore Mingus Ah Um, témoins du style indéfinissable de Mingus qui saura s’entourer de grands musiciens, à l’instar de Eric Dolphy et Jimmy Knepper, et composer des titres mémorables tels que Dizzy Moods, Goodbye Pork Pie Hat et Haitian Fight Song. Les années 60 s’avéreront plus dramatiques : en dépit de la sortie en 1963 de The Black Saint and the Sinner Lady, un autre LP magique, Mingus sera confronté à des déboires financiers dus en partie à ses choix discutables. Le contrebassiste tente d’organiser une alternative au Newport Festival qui tombera à l’eau, tout comme une nouvelle maison de disque qui ne fera pas long feu. De plus, son autobiographie (Beneath the Underdog) n’intéresse personne, ce qui place Mingus dans une situation pour le moins fâcheuse. Le musicien cessera ses représentations durant trois ans.

 

 

 

 

Il reprend son instrument en main vers 1969 et entrevoit tout à coup des perspectives plus clémentes : on ressort ses standards sur le label Fantasy, sa biographie est publiée et ces événements galvanisent Mingus qui composera encore de nombreux albums fabuleux tels que Let my Children hear Music ou Changes (One et Two), mais la malchance retombe cruellement sur son chef lorsqu’il apprend en 1977 qu’il souffre de la Sclérose Latérale Amyotrophique (Maladie de Charcot), une pathologie qui détruit progressivement mais irrémédiablement les fibres nerveuses de la moelle épinière. Alors même que le musicien commençait à récolter le respect de la part des hautes sphères du jazz, il se retrouvera à peine une année plus tard dans un fauteuil roulant, incapable de jouer son instrument qu’il maniait si délicieusement.

 

 

 

 

Depuis son décès en janvier 1979, le renommée de Charles Mingus n’a cessé de croître, le plaçant au pinacle du jazz, aux côtés des Davis, Coltrane, Gillespie et autres Monk. Ceci sera possible en partie grâce à l’opiniâtreté de sa femme Sue et d’autres membres de sa famille qui ont formé le Mingus Big Band et propagé pour ainsi dire la « bonne note » aux foules avides d’une musique novatrice et élaborée.

Publié dans Jazz & Soul

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L
Encore un contrebassiste qui a commencé par le trombone... Ce qui renforce ma théorie que les deux instruments sont liés, quelque part...L'autobiographie de Mingus est effectivement assez... spéciale. Qu'y prendre, qu'y laisser ???Pascal, je ne me souviens pas qu'il était en chaise roulante dans le doc où on le voit le fusil à la main. Il faudrait le retrouver, celui-là.
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B
Il n'est pas encore en chaise à l'époque du film qui date de 1968
S
Je n'ai malheureusement pas lu son autobio, je la cite uniquement à des fins d'infos, mais je serais intéressé à la lire un jour... Merci Lady Domi
P
Honte à moi ce n'est pas son prof de musique qui lui conseilla de passer à la basse mais son voisin le saxophoniste et clarinetiste Buddy Colette... son prof de musique, se contenta de se montrer très disuasif....<br /> A bientôt
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S
Hello Pascal, merci pour ta correction! J'aurais eu de la difficulté à infirmer tes dires, de toute façon :-DA+
Z
Tijuana moods est un de mes disques de chevet !Bel article trés complet !
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C
un petit coucou de début de semaine. Passe une bonne journée. bisous à bientot.
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M
Salut Systool ;)Tout d'abord un grand merci de tes passages et com' sur mon blog ;)Ensuite, je suis tjs épaté par tes articles qui sont vraiment très développés et très intéressant ! Bcp de travail que tu fournis là ;)A bientotMo'
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S
Merci Mo, ça me fait plaisir... A+