ERIC DOLPHY : The Answer is blowing in the Wind (bio)
Eric Dolphy fait partie de ces musiciens de jazz qui sont passés en coup de vent dans cette époque, tout en laissant une impression perceptible sur ce style musical. En effet, ce clarinettiste né à Los Angeles en 1928 se retrouve sous les projecteurs à trente ans et six années plus tard, il décède des complications d’un coma diabétique à Berlin. Entre temps, Dolphy aura permis l’intégration de la clarinette comme instrument solo dans le jazz et contribué à la transition entre musique bop et jazz d’avant-garde.
C’est donc en 1958 que Dolphy perce dans les sphères de la Note Bleue en compagnie du CHICO HAMILTON QUINTET, avant d’enregistrer ses premiers albums en solo, l’excellent Outward Bound qui contient GW et On green Dolphin Street ou encore le non moins réussi Out There. Sa collaboration avec CHARLES MINGUS, notamment sur le live Mingus at Antibes, lui permettra une exposition plus marquée, même si le style très particulier et innovateur de Dolphy sera plutôt un désavantage au niveau strictement commercial. Citons encore son travail avec ORNETTE COLEMAN sur Free Jazz, un LP composé d’improvisations. Eric Dolphy rejoint ensuite l’équipe de JOHN COLTRANE qui réalisera Olé Coltrane et surtout le Live at the Village Vanguard, vertement critiqué par les adeptes d’un jazz plus traditionnel qui considéraient ces solos comme totalement ineptes.
Dolphy collabore encore avec de nombreux musiciens durant ses quelques années d’activité, parmi lesquels on citera Gunther Schuller – le fameux « Third Stream Music » ou mélange entre classique et jazz – mais aussi Max Roach et George Russell. Il est temps alors de se consacrer à l’enregistrement d’albums « solo » et Dolphy s’avère plutôt prolifique puisqu’il compose entre 1963 et 1964 plusieurs albums dont la qualité et l’importance sont éprouvées : Conversations, Iron Man et Out to Lunch que nombre de spécialistes considèrent comme son grand chef-d’œuvre. L’écoute d’Out to Lunch se révèle plutôt ardue de prime abord, tant au niveau des rythmes imprimés que dans les tonalités utilisées. On remarque les caractéristiques du jeu de Dolphy telles que ses solos explosifs et aux sonorités étranges ou encore ses pauses subites qui désorientent l’auditeur non averti. De plus, on notera que les cinq compositions de l’albums sont de la plume de Dolphy, qui montre ainsi qu’outre le fait d’être un excellent instrumentiste qui maniait à merveille la clarinette et la flute, il s’avérait un compositeur hors pair qui influencera passablement des musiciens comme Freddie Hubbard, lui-même présent sur Out to Lunch. Comme déjà signalé plus haut, Dolphy décède le 29 juin 1964, quelques jours après avoir complété les sessions de Last Date, un autre grand classique qui contient, entre autres, Epistrophy du pianiste Thelonious Monk.
Le massif Complete Prestige Recordings, comprenant neuf disques, représente une solution idéale pour posséder une vision exhaustive de la musique de l'Américain, mais également un moyen très sûr de vider son compte en banque. Les auditeurs occasionnels se pencheront plutôt sur Outward Bound (plus traditionnel) ou Out to Lunch (avant-garde) s’ils souhaitent découvrir les sons magiques de Dolphy.