The Doors : A different Perception (biographie)

Publié le par Systool

Lorsque Ray Manzarek et Jim Morrison, deux étudiants en cinématographie de UCLA ont formé un groupe de rock, au milieu des années 60, ils ne se doutaient probablement pas de l’impact qu’il aurait eu sur le monde de la musique. Le premier au clavier, l’autre derrière un micro et enfin le recrutement de John Densmore, batteur de son état et Robby Krieger à la six cordes : les DOORS sont nés. Le nom du groupe est sujet à controverse pour ce qui est de son origine. On a parlé d’un rêve de Jim Morrison où il apercevait des portes mais également un hommage à The Doors of Perception, essai mescaliné du grand écrivain américain Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes).
 


Quoi qu’il en soit, le groupe répète inlassablement et un son nouveau semble poindre à l’horizon : un mélange de blues et de rock, le tout accompagné de textes poétiques déclamés par un Morrison mystérieux et séduisant. Le label Elektra ne tarde pas à signer les DOORS et à sortir leur premier effort éponyme en 1967 ; il s’agit vraisemblablement du coup de maître du groupe qui aura de la difficulté par la suite à composer une musique aussi fraiche et percutante. Il suffit de jeter un coup d’œil aux compositions de ce premier LP : Break on through (to the other Side), The Crystal Ship, Alabama Song (Whiskey Bar), Light my Fire, Back Door Man, The End… autant de classiques de ce groupe qui se place bien vite parmi les plus fiers représentants du mouvement psychédélique.
 
Il faut bien dire que le milieu rock est en pleine ébullition à cette époque : les BEATLES et les ROLLING STONES ont assis leur notoriété depuis belle lurette et de nouveaux artistes font leur apparition : JIMI HENDRIX, THE MOTHERS OF INVENTION, les VELVET UNDERGROUNDTHE DOORS, avec ce premier album ambitieux et captivant, se tailleront la part du lion dans les charts américains grâce aux singles Light my Fire et Break on through.
 


Bien vite, Jim Morrison devient une icône du rock : son attitude provocatrice et ses textes à l’imagerie particulièrement riche en font l’un des frontmen les plus charismatiques et intéressants du rock. Né en 1943 à Melbourne, Floride, fils d’un amiral autoritaire qui influencera probablement beaucoup sa vision des choses, James Douglas Morrison décide de quitter son cocon familial vers l’âge de 20 ans pour s’installer sur la côte ouest. Sa fascination pour William Blake et Friedrich Nietzsche le portera tout naturellement à composer des poésies chargées d’assertions philosophiques traitant des limites de la perception et de la conscience.
 

If the Doors of Perception were cleansed, everything would appear to man as it is : infinite.
(William Blake, The Marriage of Heaven and Hell)


Mais Jim Morrison n’a pas toujours été le chanteur frondeur qu’on a en tête. Durant les premiers concerts, il adopte une attitude de repli, chantant même dos au public. Cependant, il sortira bien vite de sa coquille et les excès divers dont il fera l’expérience lui causeront des tracas qui mettront bien des fois l’équilibre du groupe en péril. Le sexe, l’alcool et la drogue sont des tabous dont Morrison veut se défaire et il ne cessera de multiplier les provocations sur scène et…backstage.
 
Strange Days, le deuxième LP des DOORS, regroupe des titres composés pour la plupart à la même période que ceux du premier album. Sans être aussi enthousiasmant, il recèle néanmoins quelques perles : Love me two Times, People are Strange, Moonlight Drive ou encore le titre éponyme qui fait office d’ouverture.
 


En juin 1968, le groupe enchaîne avec Waiting for the Sun, qui s’avèrera plutôt décevant pour les fans. Il est vrai qu’à quelques exceptions près, on ne retrouve pas cette puissance dans les textes de Morrison et que certains titres sont plutôt moyens. Pourtant, on ne peut s’empêcher de considérer avec intérêt Hello, I love you ou Five to One. Quant à The Unknown Soldier, il contient sans conteste des paroles à la richesse inégalée dans l’œuvre de Jim Morrison.
 
Au niveau de la scène, les DOORS alternent des prestations incandescentes avec d’autres plus molles, mais la présence hypnotisante de Morrison, accompagné de musiciens au solide bagage technique ravit les fans américains.
Jim est arrêté par les forces de l’ordre durant un concert à New Haven et quelques mois plus tard, en mars 1969 à Miami, il est condamné pour conduite obscène. Son apparition sur la scène dans son plus simple appareil n’a pas plu à tout le monde…et les charges morales et financières qui lui sont imputées manqueront de faire imploser le groupe.
 

Pourtant on se remet au travail et en juillet 1969, The Soft Parade, album des plus inégaux, voit le jour. Les DOORS, conscients de tourner un peu en rond, tentent d’intégrer de nouveaux éléments dans leur musique. Cependant l’utilisation d’une fanfare a un succès variable selon le morceau : très efficace sur le lyrique Touch me, elle laisse quelque peu à désirer sur Runnin’ Blue. On citera encore les excellents Wild Child, Shaman’s Blues et le morceau-titre.
 
Le groupe poursuit son bonhomme de chemin malgré des critiques acerbes venant d’autres intervenants du rock qui voient en eux des musiciens vendus à la cause pop. Ah jalousie, quand tu nous tiens…
A l’aube des années 70, les deux derniers albums des DOORS sont publiés : sans contenir des hits majeurs, Morrison Hotel est très plaisant à écouter. Il suffit de jeter une oreille à Roadhouse Blues, ode à la débauche comme on n’en fait plus. Mais Ship of Fools et Peace Frog ne sont pas en reste.
 

Enfin, L.A. Woman va clôre l’aventure du line-up originel des DOORS. Leur album le plus orienté blues avec Morrison Hotel, il a été enregistré en 1970 mais ne sortira qu’au milieu de l’année 71. Parmi les titres les plus célébrés, on citera Riders on the Storm et sa mélodie envoûtante, un Love her madly plus décidé et enfin L.A. Woman, hymne à la Cité des Anges, où, comme dirait Bret Easton Ellis dix ans après, « on peut se perdre sans même s’en apercevoir ».
 
Harcelé par la police et la sécurité, Morrison éprouve passablement de difficultés à donner des shows corrects et déprimé, il se rend à Paris avec sa femme Pamela. Il souhaite se consacrer davantage à l’écriture, d’autant qu’en 1970, son premier recueil de poèmes, The Lord and the Creatures, a été publié. Pourtant, les mythes ont toujours une fin inattendue et le 3 juillet 1971, on retrouve Jim Morrison dans sa baignoire, sans vie. Les circonstances de son décès ne semblent pas totalement claires mais la thèse de l’overdose - associée à un infarctus du myocarde (à 27 ans !!!) – semble la plus plausible. Le chanteur américain est enterré au cimetière du Père Lachaise, à Paris, où il repose aux côtés d’autres grands artistes tels que Molière, Balzac et Wilde.
 
Comme tu le disais toi-même, this is the End, my only Friend, the End
 

 

 
Le mythe de Jim Morrison n’a fait que croitre avec les années et la popularité du groupe n’a étonnamment jamais été émoussée. On ne compte plus les bootlegs, albums live et autres biographies au sujet de Morrison. Oliver Stone, adepte des biopics, n’a pu s’empêcher de tourner un film sur la carrière des DOORS avec Val Kilmer dans le rôle du chanteur. Il est indéniable que ce groupe a su, en quelques années à peine, instiller une âme nouvelle au rock et qu’on n’est pas prêt de l’oublier de sitôt.
 
Si vous souhaitez avoir un aperçu des DOORS, vous pouvez toujours vous procurer le premier album du groupe, mais si vous désirez avoir une vision plus globale de la carrière du groupe sans vous ruiner, je vous conseille d’acquérir une collection comme The Best of the Doors, disponible en simple (17 titres) ou en double CD (37 titres) ou encore Legacy : the Absolute Best (2003), également en format 2 CDs, probablement la meilleure compilation sortie à ce jour. Enfin, pour goûter à la hargne des DOORS en concert, rien de tel qu’un bon Absolutely Live ou The Doors in Concert. Le tout bien entendu dans sa version remasterisée.


Publié dans Rock Legends

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