RADIOHEAD : Lost Child (biographie)

Publié le par Systool

Thom Yorke, Jonny et Colin Greenwood, Ed O’Brien et Phil Selway. Cinq Anglais d’Oxford censés perpétrer la grande tradition britannique en matière de rock.
 
Ils débutent en 1989 sous le nom de ON A FRIDAY et après quelques années, prennent le nom de RADIOHEAD et sortent leur premier album, Pablo Honey chez EMI/Capitol. Nous sommes en 1993 et Creep, leur premier single, fait l’effet d’une bombe dans le milieu rock, surtout aux Etats-Unis d’ailleurs. Mais ce n’est que partie remise puisque le groupe ressort le single de Creep en Europe et squatte les charts de nos contrées.
 
 

de gauche à droite : Phil Selway (batterie), Thom Yorke (chant, guitare, piano), Ed O'Brien (guitare), Jonny Greenwood (guitare, claviers), Colin Greenwood (basse)

 

 

 

 
L’album en soi n’est pas toujours transcendant mais certaines pistes comme Stop whispering ou Thinking about you nous laissent présager déjà d’un grand groupe. Il y a du REM là-derrière et aussi une touche de NIRVANA…bien vite, les mauvaises langues considèrent RADIOHEAD comme le groupe d’un seul tube…
 
Mais Thom Yorke et ses comparses ne l’entendent pas de cette oreille. Ils s’enferment en studio après une longue tournée qui les a vus ouvrir pour TEARS FOR FEARS, entre autres, et nous livrent alors leur deuxième galette : The Bends. L’album est salué pour sa fraicheur malgré les influences évidentes de U2 ou REM, et le savant mélange entre un rock à la fois tonitruant et à fleur de peau. Yorke met en évidence un talent surprenant pour des textes torturés et mélancoliques et les musiciens un sens inné de l’arrangement : on passe du bon riff de stade à des arpèges délicats et tristes. Street Spirit ou High and Dry en sont deux exemples classiques. D’autres plages comme Planet Telex ou Just nous laissent deviner la direction prise par la suite, le fabuleux point d’orgue de RADIOHEAD, OK Computer.
 
 

 

 
OK Computer, troisième opus qui conquiert les fans du monde entier et par la même occasion les critiques qui le hisseront bien vite au rang des meilleurs albums de la décennie. Et à juste titre : Airbag, son riff ravageur et la voix plaintive de Yorke, Paranoid Android, chanson schizoïde au possible, Subterranean Homesick Alien, titre hommage à Dylan ou encore Exit Music (for a Film) – qui sera utilisée pour la BO de Romeo et Juliette. Voici les quatres premiers superbes chapitres de cet album. Et les suivantes ne sont pas en reste : Let Down, le magnifique Karma Police, un intermède (Fitter Happier) se plaçant comme l’axe conceptuel autour duquel tourne OK Computer : l’aliénation de l’être humain dans cette société moderne. Dans la deuxième moitié de l’album, on a encore droit à un Electioneering au feeling REM-ien, Climbing up the Walls qui flirte avec l’électronique, No Surprises, mélopée douce et triste et enfin Lucky et The Tourist qui renouent avec ce son arena-rock qui fait le plus souvent défaut sur OK Computer. En effet, RADIOHEAD a délaissé les structures classiques du groupe de rock moyen et se laisse aller à des compositions plus complexes et ambitieuses.
 
 

 

 
Tout le monde attend alors le groupe au tournant, d’autant qu’une flopée de suiveurs se sont manifestés depuis, et trois ans après l’album de la consécration – c’est-à-dire en 2000 – RADIOHEAD prend ses fans à contrepied en balançant Kid A puis Amnesiac quelques mois plus tard.
 
Les guitares sont rares et il n’est plus du tout question ici de rock d’arène. Le groupe a osé aller dans la direction opposée à celle de The Bends. Ils se fendent de rythmiques électroniques dignes de AUTECHRE et d’autres membres de la communauté électro allemande. Le chant plaintif de Yorke déclame des textes très introspectifs et une écoute répétée semble nécessaire pour cerner la structure pas toujours évidente des titres qui le composent : Everything in its right Place, Idioteque ou le morceau-titre. D’autres pistes nous sont relativement plus familières (Optimistic ou How to disappear completely, qu’on peut par ailleurs entendre sur le DVD Meeting People is Easy avec Thom Yorke seul). Sans nous convaincre complètement – Treefingers et In Limbo sont plutôt faibles – Kid A aura le mérite de nous avoir surpris et de nous montrer le talent d’arrangeur de RADIOHEAD ainsi que leur désir de sortir des modes et de proposer une musique moins conventionnelle.
 
 

 

 

 
Quant à Amnesiac, acte 5, enregistré durant les sessions de Kid A, il est à considérer comme la continuité musicale et conceptuelle de son prédécesseur. Loin d’être composé de chutes de studio, il recèle quelques belles pépites comme Pyramid Song ou Knives Out, même si l’avis général veut qu’il soit légèrement inférieur à son grand frère. Réflexion faite, on se demande s’il n’aurait pas été mieux de mêler en un seul album les meilleurs titres qui composent Kid A et Amnesiac.
 
 

 

 
Le groupe continue néanmoins de tourner avec à l’esprit la tâche difficile de concilier sur scène le son brut des premières compositions avec les délires technoïdes plus récents, et autant dire que le pari est plutôt réussi. Il suffit pour cela de jeter une oreille à I might be Wrong – Live Recordings. Il comprend The National Anthem, I might be wrong ou encore une splendide version de Like spinning Plates, de même qu’une très belle True Love waits, pièce mélancolique souvent jouée en concert mais jusqu’alors jamais apparue officiellement sur disque.
 
RADIOHEAD se trouve alors face à un cruel dilemme pour la composition de son prochain album. Il s’agit de satisfaire – si le groupe estime composer pour ses fans – à la fois les amateurs du rock de la première époque et les fans plus chevronnés qui ont succombé aux beats techno de Kid A / Amnesiac. Le groupe choisit donc la voie du milieu et nous propose avec Hail to the Thief un mix réussi entre les deux tendances.
 
 

 

 
En raison de l’adulation extrême – et la stupidité ? - de certains auditeurs pour RADIOHEAD, ce sixième album a pu bénéficier d’une publicité inattendue puisque tous les morceaux circulaient sur le net plusieurs mois avant la sortie officielle de Hail to the Thief. Quoi qu’il en soit, il faut bien dire que même s’il perd en cohésion, ce 5ème LP n’en demeure pas moins réussi. Après un titre d’ouverture rageur (2+2=5, merci George Orwell), il nous emmène dans des contrées électroniques (Sit down stand up, Backdrifts ou The Gloaming) ou carrément rock (la mystérieuse There there et Myxomatosis). Thom Yorke se fend même de quelques plages lugubres au piano (We suck young Blood ou A Punchup at the Wedding). Quant à Scatterbrain et l’émouvante A Wolf at the Door – qui met en scène le rapt imaginaire de l’enfant de Yorke – elles clôturent Hail to the Thief de très belle manière.
 
Nombreux sont les groupes qui, à défaut de posséder le même sens de la composition que RADIOHEAD, ont littéralement plagié leurs côtés les plus accessibles – COLDPLAY, MUSE à leurs débuts – mais ceci n’est qu’un argument supplémentaire, si besoin est, de l’influence majeure que Thom Yorke et ses sbires ont su imposer au monde du rock en cette deuxième moitié des années 90.   

EDIT : Après quatre ans de silence, la formation de Thom Yorke revient avec In Rainbows, un album qui a la particularité d'être téléchargeable uniquement à partir du site officiel du groupe et qui est disponible dans une version "augmentée" (un deuxième CD de 8 titres, un double vinyle et un booklet) dès décembre 2007. (ma chronique ici)


Le site officiel de Radiohead : vous pourrez avoir un aperçu du travail de Stanley Donwood, le webmaster mais surtout le concepteur des pochettes d'album du groupe.

At Ease Web : un des nombreux sites de fans. Celui-ci a l'avantage d'être plus complet et davantage mis à jour.
 

Publié dans Rock Classics

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :