PUBLIC ENEMY : How you sell Soul to a soulless People who sold their Soul??? (chronique, 2007)
Littéralement passé à l'as chez de nombreux chroniqueurs, c'est uniquement grâce à la clairvoyance de GT que j'ai appris qu'un nouvel album de PUBLIC ENEMY était paru. Ce manquement des médias se révèle assez symptomatique des priorités de la presse (même « alternative ») qui préfère parler des parutions plus juteuses mais dont la qualité fait souvent défaut. How you sell Soul to a soulless People who sold their Soul??? semble ainsi un titre plus que judicieux de la part des vétérans du hip hop ricain dont on ne vous fera pas l'affront de rappeler la longue et fabuleuse discographie, comprenant des classiques de la musique moderne tels que It takes a Nation of Millions to hold us back (1988) et Fear of a Black Planet (1990). On retrouve dans cette nouvelle livraison de Chuck D et ses potes les ingrédients qui ont assuré la longevité et le succès critique de PE : la fusion avec le rock ou la soul, ainsi que leur message socio-politique en faveur de la population afro-américaine, plus que jamais de rigueur. Un esprit ouvert mais une volonté sans compromission, comme le montrent leurs collaborations avec des formations telles que RAGE AGAINST THE MACHINE ou CYPRESS HILL. L'introductive « title track » décline une atmosphère assez festive, tout comme son pendant conclusif, mais bien vite, des guitares acérées viennent nous lacérer les tympans (Black is back). La formation new-yorkaise enchaîne avec les cuivres flamboyants de Harder than you think, souhaitant rétablir l'hégémonie créatrice de PUBLIC ENEMY (à défaut de la suprématie commerciale) dans le milieu du rap, gangréné par la violence à outrance et la superficialité. Ce sujet est par ailleurs abordé sur plusieurs titres, tels que Sex, Drugs & Violence (en compagnie de KRS One) ou encore Amerikan Gangster, son refrain désabusé et ses cloches solennelles à l'appui. Petite baisse de régime avec la répétitive Head wide shut, suivie par Flavor Man, la bien nommée plateforme du trublion old school Flavor Flav, membre éminent de PE qui a squatté les shows de télé-réalité sur VH1 ces dernières années (bel exemple de non-compromission commerciale...) et que l'on retrouve entre autres sur la démentielle Col-leepin...
Le voyage continue avec les chants féminins de The Enemy Battle Hymn of the Public et le funk de Escapism qui comprend également un solo de saxo. Vous voulez du gros riff? Jetez une oreille à Frankenstar. Vous préférez peut-être des ambiances plus décontractées? Dans ce cas, on ne saurait faire à moins de vous conseiller See something Say something. How you sell Soul... se poursuit avec The long and whining Road, dont les lyrics pastichent des titres de Bob Dylan tout en dressant un bilan des vingt années de carrière du groupe. L'album touche à sa fin avec la tonitruante Eve of Destruction, ses claviers pesants et sa guitare hard-rock, référence au titre contestataire de P.F. Sloan... Le caractère parfois redondant des paroles peut irriter (notamment le fait de répéter sans cesse qu'ils sont les numéro 1 et qu'ils vadrouillent depuis 20 ans), mais les (quasi-)quincas de PUBLIC ENEMY nous prouvent si besoin était qu'il faudra encore compter sur eux en matière de hip hop avec une âme et que les Kanye West et 50 Cent, protagonistes d'une guéguerre stérile et commerciale pour conquérir le sceptre rappologique, sont encore loin du sommet...
Just make sure they don't corrupt our minds...
These rappers kill and thief...
A lot of times it's only make believe...
(PUBLIC ENEMY, Sex, Drugs & Violence)
PUBLIC ENEMY – How you sell Soul to a soulless People who sold their Soul? (Slam Jamz, 2007)
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"Harder than you think"