DILLINGER ESCAPE PLAN : We are the Storm (Miss Machine, 2004)

Publié le par Systool

Place aujourd'hui à DILLINGER ESCAPE PLAN et un titre issu de Miss Machine, second album de la formation du New Jersey et première apparition notable du chanteur Greg Puciato, prenant donc la place de Dimitri Minakakis. Album de rupture en tout point de vue : pour certains (les plus imbéciles), DILLINGER s'est éteint ici, car on y retrouve autre chose que les sempiternels hurlements de bête et des plages math-metal. Avouons que le groupe devrait être aussi obtu et - cela semble contradictoire - aussi limité musicalement que ce genre d'auditeurs pour nous proposer ad nauseam ces mêmes schémas qui sont certes intéressants du point de vue technique, mais qui deviendraient fatalement redondants avec les années. De plus, la technique à elle seule n'a jamais hissé un groupe au sommet : il faut une certaine musicalité pour que cela soit audible à une frange conséquente du public. Les mêmes discussions stériles ont suivi la sortie de Ire Works en 2007 : Chris Pennie, batteur d'origine, s'est fait la malle et s'est vu remplacé par Gil Sharone, dont on a critiqué le jeu soit-disant moins élaboré. Je vous le dis d'emblée : ne tentez pas d'argumenter avec ces gens-là. Pour eux, la musique est inscrite dans la pierre et représente une cérémonie qui ne doit en aucun cas être modifiée d'un iota.




Mais où en étions-nous? Ah oui! Miss Machine. J'aurais pu sélectionner le hardcore frénétique de Panasonic Youth, les cuivres dérangés de Sunshine the Werewolf ou encore la plus accessible Unretrofied. Tout bien réfléchi, pas cette dernière, que je considère comme la plus faible du lot (son couplet est pataud et l'intermède maladroit). Prenons We are the Storm. Déjà le titre, ça le fait. C'est évocateur : on y retrouve une notion de puissance, pourquoi pas au sens physique du terme. De l'énergie fournie par unité de temps. Et de l'énergie, Weinman, Benoit, Wilson et Pennie en ont à revendre, We are the Storm démarrant sur les chapeaux de roues avec son riff puissant et rapide doublé par ces accords littéralement tailladants. Jamais un son de guitare ne s'est autant rapproché du terme conceptuel de « metal ». La ferraille, quoi. Les cordes maltraitées et le médiator écorché. Puciato, pour sa part, nous gratifie de ses percées les plus gutturales, sur quoi les musiciens enchainent sur un pré-refrain hystérique en 3/4. Le chorus est dans la continuité d'une musique massive, rapide mais non dénuée de subtilités, un peu à l'image d'un train qui vous écraserait, mais dont vous discerneriez, au dernier moment, que des guirlandes colorées ornent les wagons. Il n'atteindra pas son objectif plus rapidement, mais c'est joli.



Après deux minutes d'écrasement cortical compulsif apparait un arpège délicat et aérien, bien vite suivi par le reste des instruments : la basse sinueuse de Liam Wilson, la batterie ample et le chant féminin de Greg le balèze. Environ 90 secondes salvatrices nous faisant croire (sots que nous sommes) que le Dillinger Express n'a peut-être pas décidé, aujourd'hui, de nous réserver le même sort que d'habitude, qu'il fera preuve de clémence. Mais Ben Weinman et Brian Benoit ne l'entendent pas de cette oreille (à vrai dire, ils n'entendent plus grand chose) et nous terrassent avec ce même riff qui avait introduit le titre. D'ailleurs tout le monde s'y met gaiement. La froideur mécanique et la voix (parfois) suave de Puciato, c'est donc ça, Miss Machine.


DILLINGER ESCAPE PLAN – We are the Storm


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