Kaamelott : livre VI (Alexandre Astier, 2009)
Longuement attendu par ses fans, le 6ème et dernier livre de KAAMELOTT a enfin vu le jour. Faisant office de préquelle aux 5 premières saisons, on suit donc Arturus (A. Astier) durant sa jeunesse à Rome, où il officie comme simple soldat de la milice urbaine. En parallèle, on voit évoluer la situation en Bretagne, administrée tant bien que mal par le chef de guerre Manius Macrinus Firmus (l'excellent Tcheky Karyo). En effet, la région est truffée de petits royaumes dissidents qui comptent bien débouter l'envahisseur romain. Parmi ces suzerains, on citera évidemment Leodagan de Carmélide, le Roi Loth d'Orcanie ou encore Calogrenant, des personnages que l'on a déjà pu cotoyer durant les précédentes saisons de KAAMELOTT, lors desquelles ils s'étaient plus ou moins rangés du côté du Roi Arthur. Sauf qu'à ce moment-là, soit quinze ans avant la Table Ronde, le jeune Arthur n'a que très peu de souvenirs de son enfance : il aurait été élevé par un barbu (Merlin l'Enchanteur) et une fée (Viviane), puis amené en bâteau à Rome. Ah si! Il a également retiré Excalibur du rocher étant enfant, mais comme il était trop petit, on a préféré qu'il la replante là où elle était.
Cette anecdote (sic) n'a pas échappé à Sallustius (P. Chesnais), un sénateur romain qui se dit qu'il est grand temps de conquérir définitivement la Bretagne, et pourquoi pas, en mettant sur le trône ce jeune homme qui, une fois l'épée à nouveau retirée, saura faire valoir naturellement son poste de dirigeant du royaume de Logres, et surtout acceptera sans broncher de rester sous le joug de Rome. Voici en quelques mots le pitch de cette 6ème saison de KAAMELOTT, où l'on découvre les origines de la série avec un Arthur encore naïf qui prendra rapidement de l'assurance, les différents rois de Bretagne qui manigancent en l'attendant, notamment Léodagan qui compte bien marier sa fille à cet Arthur, histoire de rester dans son giron. Ces 9 épisodes sont également l'occasion de découvrir nos personnages préférés, tels que Perceval, Bohort ou encore Karadoc qui, mus par l'arrivée imminente d'Arthur, sont censés se distinguer par un fait d'armes afin de faire partie de sa clique.
Alexandre Astier, réalisateur, metteur en scène, scénariste, dialoguiste, a vu les choses en grand pour cet ultime livre de KAAMELOTT : se basant sur le même format que le livre V (9 épisodes de 45 minutes), il a utilisé des décors de la série ROME à Cinecittà et invité pléthore de comédiens : hormis ceux déjà cités, on ajoutera Pierre Mondy en césar, Jackie Berroyer en paternel de Perceval. Cependant, il est regrettable de constater que ce livre VI peine à démarrer : les 3 premiers épisodes doivent certes remettre les personnages dans leur contexte, sans compter bien entendu la manne de nouveaux arrivants. Néanmoins, le rythme est vraiment lent et pour tout dire, on ne s'amuse pas beaucoup. Par ailleurs, les amis « romains » d'Arthur ne sont pas particulièrement attachants ni utiles à l'intrigue, notamment Manilius (Emmanuel Meirieu), plutôt transparent. A partir du 4ème épisode, les choses commencent à se mettre en place et des révélations nous sont faites – même si certaines, censées expliquer des événements connus de l'époque de la table ronde, sont parfois tirées par les cheveux. Les choses se précipitent lors des épisodes 7 et 8, où Arturus revient en Bretagne pour la fédérer. Enfin, pour la dernière partie, on effectue un bond en avant jusqu'à la conclusion du livre V, lorsque Lancelot trouve Arthur dans sa baignoire, manifestement inanimé. La boucle est bouclée.
Ce qui fâche davantage, c'est le manque de verve de la part des acteurs : là où le livre V parvenait à nous tenir en haleine et nous faire rire dans le même temps, cette aventure romaine se révèle bien terne, les répliques de nombreux personnages tombant souvent à plat. En deux mots, les ficelles humoristiques longuement utilisées par Perceval ou Merlin sont usées, tandis que les nouvelles figures n'ont pas les armes pour les remplacer (hormis peut-être Frédéric Forestier et Pascal Demolon). Heureusement, les scènes en terre bretonne, à la table de Léodagan le conspirateur, sont vraiment savoureuses, tout comme les coupes de cheveux très hippies des protagonistes (mention spéciale à Bohort en Mireille Mathieu et Lancelot à la touffe digne de Robert Plant). Par ailleurs, Cinecittà ou non, certains plans de Rome font tout de même cheap, mais on a envie de dire qu'il ne s'agit pas de l'essentiel. Côté musique, hormis le joli thème principal à peine modifié par rapport au livre précédent, Astier a privilégié un basse-batterie-piano dans la plus pure tradition d'un film érotique des années 80, choix pour le moins curieux pour des scènes dans la Rome antique.
Alexandre Astier s'est choisi pour mission de créer l'historique de KAAMELOTT, en explicitant les années de formation d'Arturus à Rome et, par ailleurs, de revenir sur les origines de la table ronde : le choix des chevaliers et sa prise de pouvoir, en substance. Il a abordé ces sujets sans gloriole, en évitant le clinquant, ce qui n'était pas chose aisée. Cependant, si l'on excepte un manque de rythme et des ressorts comiques parfois éculés (un comble pour un auteur si talentueux), il y a de quoi être déçu également par certains aspects plus techniques mentionnés plus haut. Enfin, on peut se questionner sur l'utilité de vouloir à tout prix « tout expliquer », là où il aurait été judicieux de laisser quelques points en suspens. Ce livre VI demeure une belle épopée qui ravira les admirateurs de KAAMELOTT moins regardants, mais en comparaison des antécédents de la série, il y a de quoi faire la tête. Espérons que l'équipe saura retrouver un second souffle avec les 3 films prévus dès 2012.
KAAMELOTT – livre VI
France - 2009
Réalisé par Alexandre Astier
Avec A. Astier, L. Astier, P. Chesnais, T. Karyo
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