Boris Akounine : Le Couronnement (Fandorine, tome 7)
Difficile de cerner l’engouement généré par la sortie d’un nouveau roman de Boris Akounine en Russie… Véritable institution, on pourrait le comparer au phénomène Harry Potter dans nos régions. Récemment, un faux roman à son nom a même été publié par un réseau ucrainien qui en a écoulé une multitude avant que la supercherie ne soit découverte.
Quoi qu’il en soit, la rentrée littéraire nous offre le septième volume traduit en français des aventures d’Eraste Fandorine, le grand détective moscovite, qui doit cette fois-ci (Le Couronnement, Presses de la Cité) affronter un adversaire particulièrement malin, en le nom du Docteur Lind. Nous sommes en 1895 et Fandorine, accompagné de son fidèle serviteur japonais dénommé Massa, s’est occupé ces dernières années d’affaires privées. Ses talents de déduction hors du commun sont plébiscités lorsque le prince Mikhail, cousin du Tsar Nicolas II, est kidnappé par les sbires de ce fameux Docteur Lind, qui réclame en échange rien de moins que l’Orlov, le diamant ornant le sceptre de l’Empereur. Or, le Couronnement du Tsar a lieu dans quelques jours. Mission difficile pour Fandorine, d’autant qu’il ne fait pas l’unanimité dans la haute société alors qu’il a su démêler de tortueux écheveaux lors de ses dernières sorties.
Akounine nous réserve des surprises à chaque épisode et dans ce cas, il confie la narration à Afanassi Zioukine, le majordome de la maison, qui ne manque pas de piquant dans ses descriptions des hôtes, Fandorine en tête. Ce maître de maison guindé va même devoir cotoyer les malfrats du quartier de Khitrov ainsi qu’un bal d’homosexuels lors de ses escapades pour sauver le petit Mikhail.
La plume d’Akounine, toujours légère et subtile malgré ce langage passablement ampoulé, fait des merveilles et comme à l’accoutumée, il est rare de ne pas sourire à chaque page malgré le sérieux de la situation.De plus, le cadre du récit lui permet une critique indirecte de la société actuelle, tant au niveau des mœurs que du point de vue politique. Enfin, ses fameux retournements de situations en font une lecture passionnante et bien malin celui qui pourrait deviner qui sont les personnes impliquées dans cette affaire.
Dans l’ensemble, Akounine nous livre un nouvel excellent épisode de Fandorine sur fond de bouleversements politiques qui ravira les admirateurs et qui surprendra les néophytes.
BORIS AKOUNINE, Le Couronnement, Presses de la Cité, 2005, 20 Euros
voir un article "rétrospective" de Boris Akounine (Le Gueusif)