Edgar Allan Poe : Le Corbeau et l'Heure noire (bio)
Parmi les auteurs américains du XIXème siècle, Edgar Allan Poe fait office de véritable référence. Une existence triste, semée de décès et de déconvenues et une reconnaissance littéraire plutôt tardive. Son œuvre, célébrée par Baudelaire, Valéry ou encore Mallarmé, demeure aujourd’hui encore le paroxysme de la littérature policière et d’épouvante.

Né à Boston en 1809, Edgar Poe n’a pas trois ans lorsque ses parents périssent ; il est alors recueilli par la famille Allan, établie à Richmond, qui ne l’adoptera jamais officiellement mais dont Poe conservera le patronyme, le plaçant devant son nom de famille. Il vouera un amour sans limites à sa mère adoptive. Il en va autrement pour John Allan, le patriarche qui blâme l’attitude frondeuse du jeune Edgar, bénéficiant par ailleurs d’une bonne éducation et s’avérant brillant dans ses études.
Plusieurs fugues marqueront sa jeunesse et après une violente dispute avec Monsieur Allan, Poe part à Boston. Nous sommes en 1827 et il publie ses premiers écrits, Tamerlane and other Poems by a Bostonian. Son génie transparaît déjà, tout comme ses difficultés à trouver un financement. Rares seront les périodes où Poe jouira d’une situation économique stable. A cette époque-là, il s’engage dans l’armée mais l’aventure, même si elle lui permet d’élargir ses horizons, est de courte durée.

Ses contes, publiés dans divers journaux, traitent de phénomènes fantastiques par la suite expliqués de manière scientifique – procédé baptisé ratiocination - mais également d’odes mystérieuses et funestes à des femmes. On remarquera également son attirance pour la mort, omniprésente, particulièrement dans des nouvelles comme La Chute de la Maison Usher ou encore Bérénice ainsi que pour des expériences teintées de mystère et de paranormal (La Vérité sur le Cas de M.Valdemar, Révélation Magnétique) ou absurdes (Un événement à Jérusalem, L’Ange du Bizarre), préfigurant l’œuvre future de Lovecraft et King.
En 1837, il publie les Aventures d’Arthur Gordon Pym, périple maritime macabre et tragique. Les années 1840 débutent d’une belle manière puisque Poe crée le personnage de Dupin, un détective français infaillible qui résoudra les affaires de La Lettre volée et du Double Assassinat dans la Rue Morgue, entre autres. Il s’agit d’une première dans le domaine de l’histoire policière. Arthur Conan Doyle n’est pas encore né et Agatha Christie publiera les enquêtes d’Hercule Poirot cent ans plus tard… La capacité hors du commun de Poe à décrire des ambiances terrifiantes avec l’emphase qu’on lui connaît et le don unique pour produire des raisonnements diaboliques et rigoureux en font un auteur-phare qui, de son vivant, a de la peine à percer, la malchance semblant s’abattre régulièrement sur lui. En effet, sa femme Virginia tombe malade et elle mourra en 1847.
Poe noie sa dépression dans l’alcool mais demeure toujours très prolifique : Le Corbeau, son poème le plus célèbre, Le Chat Noir ou encore Le Démon de la Perversité ne sont que quelques-unes des œuvres qu’il produira à cette époque. Le décès de sa femme et la souffrance de Poe seront merveilleusement exprimées dans Ulalume ainsi que dans l’essai Eurêka. Poe se liera à plusieurs belles poétesses, souvent en admiration devant ses écrits mais qui l’abandonneront en raison de son tempérament irritable et de sa dépendance à la boisson.

En 1848, Poe tente de se suicider en absorbant du Laudanum et l’année suivante, il compose encore quelques nouvelles, dont Hop-Frog, avant qu’on le retrouve, le 3 octobre 1849, inanimé près d’un bureau de vote à Baltimore. Il meurt le 7 octobre, à l’âge de 40 ans, laissant derrière lui une œuvre riche et singulière dont on n’a pas épuisé toutes les merveilles.
Grâce à Charles Baudelaire, fervent admirateur de Poe, la France a pu découvrir l’auteur américain dès 1854 puisque le poète français a traduit la quasi-totalité de ses écrits qu’il a compilé en plusieurs volumes : Histoires extraordinaires, Nouvelles Histoires extraordinaires et Histoires grotesques et sérieuses. Et la renommée européenne de Poe est en partie due à la sagacité du Français.
Récemment, une collection de contes non-traduits par Baudelaire (Ne pariez jamais votre Tête au Diable) a été éditée par Gallimard.
