Boris Akounine : La Maîtresse de la Mort / L'Amant de la Mort (Fandorine, tomes 8 et 9)
Voici la coqueluche de la littérature russe débarquer à nouveau en francophonie. Boris Akounine nous livre en effet pas moins de deux nouvelles aventures de son enquêteur dandy Eraste Petrovich Fandorine : La Maîtresse de la Mort et L'Amant de la Mort, romans bien distincts mais néanmoins reliés par un thème commun.
Le premier relate les tribulations d'un club de thanatophiles qui composent des poèmes à la gloire de la mort et se suicident après avoir obtenu des « signes » ou encore l'assentiment de leur gourou, l'énigmatique Prospéro. Le perspicace Fandorine va infiltrer ce groupuscule occultiste afin de découvrir la vérité derrière ces mystérieux décès, non sans prendre l'effrontée mais naïve Micha Mironova - alias Colombine - sous son aile. Il est également question de mort dans l'autre partie de ce diptyque, mais le tableau est tout autre : on suit le jeune Senka, orphelin du quartier coupe-gorge de la Khitrovka, qui dérobe à Fandorine son précieux chapelet de jade et l'entrainera ainsi dans les ruelles mal fréquentées de Moscou où le détective, travaillant désormais en free lance, ne vient désormais que de manière sporadique. Le voyou Senka sera enrôlé dans la clique du caïd Le Prince sur les conseils d'une mante religieuse adepte du poudrage de nez et surnommée La Mort. Les choses se compliqueront lorsqu'il mettera la main sur un trésor...
Situés en 1900, ces deux romans parallèles nous permettent d'apprécier les moeurs de l'époque et certaines découvertes qui marquent ce nouveau siècle rempli de promesses, telles que l'automobile ou le téléphone, désormais bien implanté dans les foyers de la classe aisée. La Russie se trouve alors sous le joug du faible Nicolas II, dernier tsar de Russie avant la révolution de 1917. Akounine, comme pour coller davantage au récit, n'hésite pas à utiliser un langage nettement plus familier dans L'Amant de la Mort, étant donné que le narrateur n'est autre que le petit Senka, ce qui contraste fortement avec l'écriture éthérée et emphatique de La Maîtresse de la Mort. Ainsi, comme pour Le Couronnement, précédent épisode, Fandorine représente une sorte de personnage secondaire qui vient s'immiscer dans la vie du narrateur, ce qui apporte à la fois un regard différent sur le détective et davantage de profondeur romanesque aux deux protagonistes principaux, Micha et Senka. On se réjouit cependant de la verve habituelle de Boris Akounine, qui nous échafaude une double trame en stéréo et toujours enclin à distiller une touche conséquente d'humour dans son récit, même si La Maîtresse de la Mort se révèle peut-être plus sombre qu'à l'accoutumée.
En attendant la prochaine livraison, Le Chariot de Diamant, jetez-vous sur ce duo sans hésiter si vous avez suivi un tant soit peu les aventures de Fandorine. Dans le cas contraire, une lecture plus chronologique (débutant donc par Azazel) serait plus appropriée pour profiter pleinement de cette série à succès qui comptera probablement 13 parties.
Boris Akounine : La Maîtresse de la Mort / L'Amant de la Mort
(Presses de la Cité, resp. 404 et 454 pages, 2006)
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