COALESCE : Ox (chronique, 2009)
Pilier du metalcore américain, COALESCE s'était séparé après un album fédérateur, l'énorme Revolution in just listening. Tout le monde pensait que l'affaire était définitivement close et pourtant, la formation originaire de Lawrence, Kansas remet l'ouvrage sur le métier vers 2005, lorsqu'elle donne quelques concerts puis fait paraître un EP 2 titres, Salt and Passage. On sent que l'activité reprend gentiment, entre la sortie d'un coffret DVD live (No Business in this Business) et les déclarations du brailleur de service Sean Ingram. Enfin, dix ans après leur dernière livraison, COALESCE revient avec Ox, du 100% pur boeuf qui reprend en quelque sorte les choses là où on les avait laissées, les tensions internes à l'origine du split étant pour l'instant mises de côté : le batteur James DeWees est depuis allé jouer avec THE GET UP KIDS et a même posé son baluchon du côté de MY CHEMICAL ROMANCE et REGGIE AND THE FULL EFFECT, soit la lie du hardcore à la californienne. Désormais, c'est Nathan Richardson qui est solidement ancré sur le tabouret de COALESCE.
Les présentations étant faites, on peut entrer dans le vif de OX. 14 titres pour 35 minutes de baston sonore avec laquelle le quatuor nous a seriné depuis 1996 : un hardcore metal abrasif, rapide et tordu conçu par le guitariste Jes Steineger. L'ami n'a pas oublié ses vieux penchants pour des structures dissonantes et des rythmiques inhabituelles (Designed to break a Man, By what we refuse) et on constatera avec plaisir que le duo basse / batterie est particulièrement en veine et représente la charpente inébranlable du son COALESCE. Quant à Sean Ingram, il est fidèle à lui-même avec sa voix de goret mal léché. Cependant, là où la formation aurait pu se contenter de nous resservir sa soupe brûlante circa 1999, on sent qu'elle a recherché, sur la plupart des titres, à apporter un élément supplémentaire. La liste est longue : la country lo-fi qui introduit Wild Ox Moan, le chant presque « emo » de The Comedian in Question ou encore la conclusion solennelle de The Purveyor of Novelty and Nonsense où l'on croirait entendre la cloche lugubre de Black Sabbath. Le chant féminin et le lick impertinent de In my Wake, for my Own représentent certainement la plus grande surprise de OX, le contraste avec les parties plus agressives étant d'autant plus fort que le producteur Ed Rose pousse la voix d'Ingram à la limite de l'audibilité.
Il faut également mentionner les deux intermèdes acoustiques que sont Where Satire sours et We have lost our Will. Par ailleurs, la structure de ce dernier est superbement reprise à une sauce morriconienne sur Dead is dead. Tout ne fonctionne pas puisqu'en fin de parcours, je n'ai pas été emballé plus que ça par certains morceaux, mais en raison de sa relative versatilité, COALESCE est parvenu à créer un album solide rappelant présomptueusement qu'ils sont les maîtres incontestés de ce genre sans concessions. La raison est simple : même s'ils évoluent dans une musique caricaturale et non exempte de certains codes, COALESCE a toujours mis en avant des idées nouvelles (le son zeppelinien de Revolution, par exemple), ce qui explique en partie le manque de retombées commerciales. De même, en lisant par exemple une interview de Steineger dans NOISE MAGAZINE (mai 2009), on comprend que la musique demeure pour eux avant tout une passion qui durera « le temps qu'ils voudront » et que la simple notion de « fan » les fait davantage sourire qu'autre chose. Une vision atypique mais salutaire. Tout comme la sortie d'OX, que je ne peux que vous conseiller si vous n'avez cure de l'ouïe de votre entourage.
COALESCE – OX (Relapse Records, 2009)
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