ELVIS PERKINS IN DEARLAND : s/t (chronique, 2009)
Il y a fort à parier que les antécédents familiaux d'Elvis Perkins pouvaient lui mettre la pression (ou lui donner un avantage par rapport aux autres) : un père comédien, Anthony Perkins, une mère photographe (Berry Berenson) dont la soeur est par ailleurs l'inoubliable Marisa Berenson, sublime égérie de Barry Lyndon. Les circonstances tragiques de la disparition de ses parents – complications du SIDA pour son père, le crash du 11 septembre 2001 pour sa mère – ont largement inspiré Ash Wednesday, premier jet pas guilleret pour un sou du chanteur/guitariste américain paru il y a deux ans. Avec sa rengaine de taupe anémique, Perkins revient en grande pompe pour un deuxième album accompagné de sa bande, In Dearland, qui comprend Brigham Brough, Wyndham Boylan-Garnett et Nick Kinsey. L'influence de Bob Dylan, Neil Young ou d'autres grands songwriters américains est évidente, l'ami ne s'en cache pas, mais apporte sa touche personnelle en intégrant de l'americana, de la country ainsi qu'une pointe de rock à son édifice en mouvement constant, comme s'il souhaitait éviter de rester plus de cinq minutes dans la même case. Ainsi, une fois l'excellente Shampoo archivée (superbe travail aux claviers), Perkins enchaîne sur Hey, ses guitares urticariantes et les coups de botte sur le plancher pour marquer la rythmique frénétique. On appréciera particulièrement le chant doublé durant le refrain ainsi que l'interaction entre l'harmonica et la guitare durant le break. On calme le jeu avec Hours last Stand, déchirante de mélancolie, malgré un sursaut vocal surprenant lors du troisième couplet. On garde le cap avec Heard your Voice in Dresden ainsi que Send my fond Regards to Lonelyville, plus dylanienne tu meurs, et sa sarabande ivre qui déambule d'une oreille à l'autre. Jusque là, on se dit que le gaillard n'a pas trahi la confiance que certains lui avaient porté depuis 2007, bien au contraire.
Et pourtant la deuxième partie de cet Elvis Perkins in Dearland ne parviendra pas à atteindre le niveau proposé jusque là, à de rares exceptions près. La formation entonne un rock poisseux (I'll be arriving) quelque peu décousu qui n'est pas sans rappeler l'album solo de Dan Auerbach paru il y a quelques semaines, puis la gentillette Chains, Chains, Chains agréable même si convenue. Heureusement, les cuivres balourds en introduction de Doomsday éveillent à nouveau notre curiosité, telle une grotesque marche funèbre, Perkins se révélant par ailleurs nettement plus incisif dans sa diction. A mon grand déplaisir, la galette se conclut sur deux pistes plus ternes qui m'ont laissé sur ma faim. Il s'agit dans tous les cas d'une jolie démonstration de la part de Perkins et ses sbires qui ont élargi leur spectre d'action et confirment que l'année 2009 sera irrémédiablement marquée du sceau de la folk. Et ça, c'est déjà une excellente nouvelle!
ELVIS PERKINS IN DEARLAND (XL Recordings, 2009)
WWW...
Autres chroniques via Critico-Blog