ANDREW BIRD : Live à L'Usine (Genève, 16 mai 2009)
« A la demande de l'artiste, concert non fumeur, merci d'avance! », pouvait-on lire sur une affichette dans la salle de l'Usine. Et oui, car après avoir voté contre la fumée dans les cafés, restaurants et autres lieux de perdition, le peuple genevois apprit quelques semaines plus tard, à sa grande stupeur, qu'il y avait pour ainsi dire une « bulle » dans le texte de loi et l'autorisation de fumer fut réintroduite! Désormais, on attend de voter à nouveau (sic) et dans l'intervalle, chaque établissement à le choix de proposer un service fumeur ou non. Ce sont les aléas d'une démocratie directe extrême. A l'Usine, haut lieu de l'underground genevois, on a décidé ce soir de se plier aux exigences du barde chicagoan Andrew Bird. Pas plus mal. Pour l'occasion, la salle PTR (Post Tenebras Rock) prenait davantage des airs de repère à bobos que de nid à punks. Il faut dire que Bird s'est illustré dans une pop-rock élégante, maniant le violon et les mots comme un céleste chérubin. Dans le cadre de sa tournée pour promouvoir Noble Beast – son excellent dernier album chroniqué ici – il vient en solo dans la capitale romande. Attendez, on retrouve guitares, claviers, violons, glockenspiel et percussions sur les galettes et là, il est tout seul? Il a pas huit bras, l'ami folkeux! Non, mais une science invétérée des loops qui lui permet de reproduire à l'envi une séquence qu'il enregistre grâce à un système de pédaliers. Ainsi, on aura droit tout au long de ce concert de plus d'une heure et demi à ce curieux carrousel où le musicien passe d'un coin à l'autre de la scène exiguë pour jouer un riff de violon, siffler une mélodie ou claquer des mains. Une fois le tout dans la boîte, il entame véritablement le morceau au chant et l'accompagne au violon ou à la guitare.
Photo : Andrew Bird – North Perth 2008
Comme on peut l'imaginer, ce gig fait la part belle au dernier album paru chez Fat Possum il y a quelques mois : Natural Disaster, Oh no ou encore Effigy – deux titres parlant de la même chose mais d'un point de vue différent, comme le chanteur nous explique avec ferveur – ou encore Tenuousness. La partie principale du concert s'achève avec une superbe interprétation de Anonanimal, non sans que Bird s'y reprenne à 4 fois avant de débuter le titre avec la bonne synchro au niveau des loops! Mais bon, le gaillard est un adepte du Do it (all by) yourself, il n'est pas planté derrière un Macbook! Parmi les autres chansons ce soir, on citera Why?, A Nervous Tic Motion of the Head to the Left, ou encore Cataracts et Scythian Empire de l'excellent Armchair Apocrypha (2007). C'est un Bird un brin amusé qui nous gratifie d'une version en français (pas si mal, d'ailleurs) de It's not easy being green dont l'originale est à chercher du côté du MUPPET SHOW (oui, c'est Kermit la Grenouille qui trouve que ce n'est pas toujours facile d'être vert). En rappel, mentionnons encore The Giant of Illinois, reprise de THE HANDSOME FAMILY figurant sur la compilation Dark was the Night – produite par les frères Dessner (THE NATIONAL) et dont les fonds sont reversés à l'association Red Hot pour combattre le SIDA.
Lorsque tournoie pour la dernière fois le pavillon bicéphale du gramophone à l'arrière de la scène, on se rend compte qu'on a passé une excellente soirée en compagnie de ce musicien passionné et passionnant nous ayant bercé aux sons magiques de ses ballades. A ne pas manquer.
ANDREW BIRD – Live à l'Usine (Terminal PTR), Genève (16 mai 2009)