THE ALLMAN BROTHERS BAND : Tied to the whippin' Post (bio)
On qualifiera le parcours des ALLMAN BROTHERS BAND de mouvementé. Ce groupe américain, passé maître dans un blues-rock teinté de country et de jazz a composé quelques-unes des plus belles pièces du genre et s’est révélé l’un des protagonistes live les plus impressionnants des 70s, sans bénéficier toutefois du succès de ses comparses thématiques (CREAM) ou des groupes qu’il a influencé (LYNYRD SKYNYRD, BLACKFOOT).
Formés en 1969 par les frères Allman, plus précisément Duane (guitare) et Gregg (claviers, chant), accompagnés de Dickey Betts (guitare), Berry Oakley à la basse et les deux batteurs (sic) Jaimoe et Butch Trucks, les ALLMAN BROTHERS BAND (ABB) décident de se roder en sillonnant tout d’abord les routes de Floride et donnant quelques représentations déjà prometteuses. Il faut dire que Duane Allman n’est pas né de la dernière pluie ; guitariste de studio ayant collaboré avec Aretha Franklin ou encore Wilson Pickett, il est doté d’une technique déjà fabuleuse. Et les autres membres ne sont pas en reste : preuve en est leur premier album éponyme qui contient certains titres comme Trouble no more et surtout Whippin’ Post qui feront partie du tracklisting fétiche des fans. Dans une veine blues-rock digne du CREAM d’Eric Clapton, en plus incisif, il présage la lancée tonitruante sur laquelle ils vont évoluer durant plusieurs années. En 1970, le groupe remet ça avec Idlewild South (produit par le fidèle Tom Dowd) qui se révèle l’un de leurs meilleurs témoignages studio. On retrouve les duos incessants de guitare slide et rythmique entre Duane Allman et Betts, mais aussi le chant inspiré de Gregg qui compose par ailleurs l’excellente Midnight Rider.
L’année suivante, ABB enregistre au mythique Fillmore East un gig qui restera dans les annales du rock. Ce Live at Fillmore East qui contient, entre autres, In Memory of Elisabeth Reed ou encore Statesboro Blues (reprise), se révèle d’ailleurs une porte d’entrée valide pour ceux qui souhaitent découvrir ce groupe, d’autant qu’une version « Deluxe » en 2 CD est sortie en 2003. L’album bénéficie d’un succès d’estime au niveau commercial, ABB se trouvant au sommet pour ce qui est de la maestria scénique. Malheureusement, une série de mésaventures va frapper le groupe de plein fouet : en octobre 1971, le guitariste Duane Allman périt dans un accident de moto. Le choc est sévère, mais le groupe sortira malgré tout Eat a Peach, peut-être leur meilleur LP, dont la moitié avait été composée avant le décès de Duane, Betts se chargeant de toutes les parties de guitare restantes.
Le moment est venu de retourner dans sa tanière et de lécher ses plaies. Allman Brothers Band, dont il ne reste en vérité plus qu’un des deux frères, va engager un pianiste, Chuck Leavell, en lieu et place de Duane Allman. Mais le sort semble s’acharner contre le groupe américain qui perd également son bassiste Berry Oakley, décédé également dans un accident de la route (décidément). C’est Lamar Williams qui se charge de le remplacer et qui collaborera sur l’album suivant, Brothers and Sisters, une collection qui marque un changement perceptible dans l’orientation musicale des ABB. En effet, on note que les teintes country se révèlent désormais plus marquées, au détriment du blues, et cela peut être attribué au fait que Dickey Betts a pris les rênes du groupe malgré une certaine réticence. Des titres comme Jessica et Ramblin’ Man ont grandement contribué à faire de Brothers and Sisters l’album le plus célèbre des ALLMAN BROTHERS BAND, alors même qu’il ne s’agit pas de leur LP le plus réussi.
Au milieu des années 70, ABB commence à montrer quelques signes de faiblesse : un manque de cohésion dans le groupe, lié au leadership contesté de Betts, mais aussi les problèmes d’alcool et de drogues de plusieurs de ses membres, dont Gregg Allman qui convole en douces noces avec la chanteuse Cher. Et ce n’est pas la qualité médiocre de leur album Win, Lose or Draw qui nous démentira ; d’ailleurs, la scission du groupe ne tardera pas et on ne reparlera plus de ABB pendant quelque temps. On assiste en 1978 au retour des cinq larrons qui se targuent de sorties discographiques assez inégales : Enlightened Rogues montre quelques signes d’amélioration, notamment à l’écoute de l’introductive Easy Love. On remarquera en outre la présence d’un deuxième guitariste, Dan Boler, transfuge du groupe solo de Dickey Betts. Cependant, le départ de Leavell et Williams, puis l’éviction de Jaimoe, sans compter la banqueroute du label Capricorn qui les avait soutenu depuis 1970, commencent à peser lourd dans la balance et les albums suivants feraient mieux d’être oubliés.
On entendra à nouveau parler des ALLMAN BROTHERS BAND à l’orée des années 90, lors d’une nouvelle réunion et de la sortie de l’étonnant Seven Turns, mais il faut se résoudre au fait que la musique du groupe ne bénéficie plus des faveurs du public et que s’accaparer leurs anciens succès ré-édités s’avère la meilleure chose à faire – on pense notamment au Live at Fillmore East ou le Live at the Atlanta International Pop Festival. Vous y trouverez une musique inspirée, passionnée et qui, fait marquant, n’a pas subi l’outrage du temps.