RABINDRANATH TAGORE : Le Théorème de l'impie Tagore (biographie)
Il s’appelera Robindra, le soleil. Comme lui, il ira par le monde et le monde sera illuminé
Voici les paroles du père de Rabindranath Tagore (R. Thâkur) lorsque ce dernier nait en 1861. Issu d’une opulente famille indienne, le jeune Rabindranath vit ses premières années à Govindpur, future Calcutta, et baigne dans l’ambiance à la fois moderne et ancrée dans les traditions locales de ses parents, hindouistes qui cependant suivent de près les nouvelles tendances anglo-hindoues telles que le Brahma Samaj. Les nombreux frères et sœurs de Rabindranath (ils sont 14 en tout !) sont portés vers la littérature et la musique et c’est tout naturellement que lui-même affectionnera ces diverses formes artistiques.
Après une instruction traditionnelle en sanskrit puis en anglais, Tagore continue ses études à domicile grâce à de nombreux précepteurs et son père qui lui prodigue des notions d’astronomie, de littérature anglaise et de religion tout en voyageant jusqu’au confins de l’Himalaya. Au retour de ce long périple, Rabindranath, qui a alors 17 ans, est envoyé à Londres pour suivre la formation d’avocat à laquelle ses parents le destinent. Mais 18 mois plus tard, il rentre brusquement en Inde sans avoir terminé ses études. Il se consacre à la musique et l’écriture de poèmes, tout d’abord, puis de critiques, de pièces de théâtre et de romans, avant de se marier à 23 ans.
Les responsabilités familiales et sa propre expérience de la vie le conduisent alors à opter pour des textes plus réalistes et critiques de la société et des conditions économiques désastreuses des paysans bengali : Un Bouquet d’Histoires (1900), Les Lettres déchirées... Il comprend que l’éducation représente l’une des solutions pour venir en aide aux villageois miséreux.
Il fonde une école à Seliadah où l’on y enseigne les préceptes fondamentaux dans la langue maternelle ainsi que des cours d’anglais, puis fait construire d’autres établissements tels que des hôpitaux et des coopératives dans les environs. En 1901, il crée un pensionnat à Santiniketan, dont le cadre idyllique l’avait fortement marqué lors du voyage qu’il avait effectué avec son père étant jeune. Les élèves y vivent en communion avec des enseignants provenant de tous horizons et ceci représente la vision humaniste et universelle que Tagore souhaitait appliquer. Certains événements tragiques surviennent alors : son père, sa femme et trois de ses enfants décèdent.
En 1912, l’écrivain repart pour l’Angleterre où il est remarqué par des poètes tels que W.B. Yeats et Ezra Pound et il obtient l’année suivante le Prix Nobel de littérature. Suivront une série de conférences aux Etats-Unis et au Japon qui seront par la suite éditées sous Nationalisme et Personnalité. Très actif au niveau politique, Tagore soutenait Gandhi tout en étant très méfiant vis-à-vis des sentiments nationalistes. Pour lui, la recherche de Dieu est possible grâce à un cœur pur et une aide aux autres, mais sa philosophie, largement inspirée de l’enseignement des Upahishads, ne récolte que peu de suffrages. Il passe alors les quinze années suivantes dans une certaine solitude tout en voyageant beaucoup (Japon, Iran, Java) et en insistant sur le besoin d’entraide parmi les différentes cultures. Il compose de nombreux textes durant les dernières années de sa vie ainsi que de la musique et se découvre une passion pour la peinture. Les hymnes nationaux de l’Inde et du Bangladesh sont d’ailleurs de sa plume. Il meurt en 1941, nous laissant une œuvre immense, autant en qualité qu’en quantité. Il sera traduit en français par André Gide, un de ses grands admirateurs.
Sélection des œuvres de Tagore :
- Souvenirs (Gallimard)
- L’Offrande Lyrique (Gallimard, recueil de poèmes)
- Le Jardinier d’Amour (Gallimard, poèmes)
- Le Vagabond et autres histoires (Gallimard, nouvelles)