SYSTEM OF A DOWN : System of a Down (chronique, 1998)

Publié le par Systool

SYSTEM OF A DOWN a su se tailler la part du lion dans le milieu du metal ces dernières années. Les adolescents en manque de sonorités à la fois pesantes, excentriques et profondes ont trouvé en ce groupe leur allié principal, se précipitant sur Toxicity et surtout leurs derniers méfaits, le coup commercial Mezmerize/Hypnotize. Mais revenons sur le premier album des Arméniens, l’homonyme System of a Down paru en 1998. Le groupe nous livre alors, sous la tutelle du manitou Rick Rubin, un témoignage poignant et original qu’ils auront passablement de peine à surpasser (quoiqu’avec Toxicity…), et pour cause : leurs riffs metalliques à la lourdeur de SEPULTURA cotoient des licks orientaux qui donnent cet aspect si caractéristique à la musique de SOAD, tandis que le chanteur Serj Tankian, un hybride entre Mike Patton et un brailleur de hardcore, nous pond des textes à la portée politique de RAGE AGAINST THE MACHINE. Pas mal du tout pour un seul groupe.

 

 

 

Reprenons alors brièvement le tracklisting de cet album essentiel du rock de ces dix dernières années… L’ouverture (Suite-Pee) nous conduit d’emblée dans un territoire sonique surprenant : le riff barbare de Daron Malakian, le chant hypnotique et vengeur de Tankian, la section rythmique (Odadjian et Dolmayan) bien en place. Les pistes suivantes (Know, Sugar) étonnent principalement par la construction jouissive de leur intermède, alternance de calme et de fureur au même titre que le chant bipolaire de Tankian qui parvient à passer d’un cri d’orfraie à un beuglement d’animal sauvage avec une facilité déconcertante. Suggestions et Spider sont les bienvenues dans la mesure où elles contiennent des parties plus mélodiques alors que les trois premières chansons sont construites sur un schéma qui s’avérera classique chez SYSTEM OF A DOWN. On sent, principalement avec Spider, la portée mélancolique et même poétique qui conférera au groupe un caractère très particulier dans le sens où ces facettes ne sont que rarement exprimées dans le metal actuel. Ddevil représente le genre de morceau sympathique et doucement déjanté que SOAD affectionnera durant toute sa carrière puisqu’on retrouvera ce genre d’ambiances avec Cube(rt) sur le même album, mais aussi avec Shimmy et This Cocaine makes me feel like I’m on this Song sur les disques suivants.

 

Soil est à considérer comme un des titres modèles dans le repertoire de SOAD car il contient la majeure partie des « tics » musicaux du groupe : son entrée fracassante, son couplet chamanique et un refrain nerveux, sans oublier le pont aux sonorités arméniennes fusionnées avec des accords métalloïdes. Le titre suivant, War?, nous expose le message politisant que SYSTEM OF A DOWN se plait à instiller dans ses compositions sans pour autant jouer aux prêcheurs ; il traite de ces conflits que les dirigeants et les médias n’osent pas appeler « guerres » alors qu’il s’agit manifestement de cela, ainsi que du rôle de la religion qui sera abordé dans The Soldier Side. Le tout dans une frénésie sonique que des groupes comme RAGE AGAINST THE MACHINE n’ont jamais su atteindre. Il est temps d’apaiser les esprits avec l’introduction de Mind qui repose sur la ligne de basse de Shavo Odadjian et le lick arabisant de Malakian, mais qui se mue bientôt en une furie hardcore annoncée par la phrase mythique « Free Thinkers are dangerous »…

 


 

 

La dernière ligne (pas vraiment droite) contient d’autres surprises telles que le déjanté Peephole, dont les arpèges sur fond de foire annuelle d’Erevan ne manquent pas de nous surprendre à chaque nouvelle écoute, tout comme son excellent intermède, autre paradigme du folk-metal arménien… On retiendra dans le punkoïde Darts la volubilité vocale de Tankian et le bridge avec le tic-tac d’une horloge. La treizième et dernière piste, P.L.U.C.K. (Politically Lying, Unholy, Cowardly Killers) traite un sujet de prédilection du groupe, à savoir le génocide arménien perpétré par les Turcs en 1915 (un million de morts) qui, rappelons-le, n’a toujours pas été accepté par les Autorités d’Ankara (Fab ;-)). On retrouve sur cette piste cette fusion hardcore-folk si talentueusement interprétée par SOAD et des paroles inoubliables…

 

The Plan was mastered and called Genocide

Took all the Children and then we died

The few that remained were never found

All in a System, down…

 

Une tracklist irréprochable, donc, avec son lot de surprises déconcertantes et bienvenues dans le monde du metal si peu enclin à accueillir les excentricités. Le premier témoignage sonique d’un groupe qui va monter de manière irrépressible dans le cœur des auditeurs de musique dure et qui saura nous proposer par la suite des albums plus variés (pensons à Science et Chop Suey! sur Toxicity). Mais pour l’heure, il s’agissait surtout de s’imposer et SYSTEM OF A DOWN l’a fait de la plus belle des manières.

 

 

RESPECT THE ARCHITECT!!!

 

SYSTEM OF A DOWN – System of a Down (American Recordings, 1998)



 

A LIRE EGALEMENT…

- la Biographie du groupe

- les chroniques de Toxicity, Mezmerize et Hypnotize

- un article sur leur concert à Lyon, en mai 2005

 

A VOIR EGALEMENT…

- le site officiel de SYSTEM OF A DOWN

 

Publié dans Metal - Hardcore

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M
Vraiment sympa ce blog...je reviendrai souvent ^^
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S
Hello Mita! Merci du passage et content de voir que tu trouves ici des sujets intéressants...
R
ouais j'adore SOAD
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S
Cool ;-)
T
Je vais aller faire un tour du côté de ta chronique Toxicity alors
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S
;-)
B
Il suffisait d'uiliser MS explorer et hop ça marche !!! Encore un excellent article sur les esxcellents SOD. Du reste il faut que je te remercie pour une chose car c'est un peu grêce à toi que je connais ce groupe et que c'est une belle trouvaille.
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S
Ciao Bonzo!!! Cool que tu apprécies ce groupe, ils ont leurs bons côtés ;-)
T
J'ai découvert soad avec Toxicity, qui reste aujourd'hui un de mes albums préférés toutes catégories confondues, avec des merveilles comme chop suey. Mais le premier soad est pas mal non plus, plus spontané.<br /> Sur les derniers, quelques moments d'illumination, mais ça paraît déjà plus formaté.<br /> Bravo en tout cas pour cette chronique
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S
Hello Thetys... j'ai également fait une chronique de Toxicity si cela t'intéresse...sommaire -> musique -> soad -> toxicityJe suis d'accord avec toi pour l'aspect formaté des derniers, ceux qui clament qu'ils sont fantastiques passent manifestement à côté...