FAITH NO MORE : Angel Dust (chronique)

Publié le par Systool

Les frasques musicales de Mike Patton ont déjà été longuement discutées sur cette plateforme pour la simple et bonne raison que cet individu est considéré par l’auteur de ces lignes comme l’une des références majeures du rock actuel : ancien membre de FAITH NO MORE et Mr. BUNGLE, Patton sévit toujours sous les couleurs de FANTOMAS, mais partage aussi d’autres projets hétéroclites (le rock sombre et sudiste de TOMAHAWK, le hip-hop de X-ECUTIONERS, l’electro-pop LOVAGE…). Aujourd’hui, nous allons discuter de ce qui s’avère sans doute le premier chef-d’œuvre de l’ami Patton : Angel Dust, le classique de 1992 de FAITH NO MORE. A tout seigneur, tout honneur, comme on dit. Cependant, il serait injuste d’attribuer tout le mérite à Patton, puisque le talent des musiciens y est également pour quelque chose… Petit flashback avec les bords floutés : FAITH NO MORE enregistre son premier album en 1985 et trois ans plus tard, Chuck Mosley, le chanteur d’alors, est viré. La bande de Jim Martin recrute alors un jeune homme déjanté qui officie dans Mr. BUNGLE, gloire underground de la Bay Area. Mike Patton, dont la tessiture vocale fait déjà impression, propulse le groupe dans des sphères moins restreintes, surtout grâce aux hits Epic et From out of Nowhere qui sonnent aujourd’hui un brin old school. Pas mal pour un gamin de 21 ans. En 1992, donc, le groupe casse la baraque avec ce Angel Dust qui conserve encore aujourd’hui une actualité confondante.

 

 

 

On retrouvera chez nombre de bands de metal comme DEFTONES ou KORN les gimmicks que FAITH NO MORE sera le premier à insuffler, et ce avec une maestria, inutile de le préciser, inégalable : dès les premières notes de Land of Sunshine, on sent un courant rafraichissant dans le slap de basse de Bill Gould et le chant versatile de Patton, à des lieux du funk-metal qu’il nous a servi avec The Real Thing (1989). Il nous pond ici des textes sarcastiques (I can help you help yourself… does Life seem worth while to you ?) et termine le morceau avec des imprécations de tenor qui nous laissent bouche bée. Le titre suivant, Caffeine, nous montre les inclinations metal de Martin de par son riff démoniaque en 3/4 ainsi que la propension de Patton à passer de textes chuchotés à des hurlements suraigus. Midlife Crisis squattera les ondes de MTV, ce qui est plutôt étonnant vu le caractère dérangé des paroles et du vidéo-clip… RV se révèle, quant à lui, un bijou de cynisme : Patton déblatère à la première personne des textes dignes d’un Américain (très) moyen (My World : my TV, my food. Yeah I sweat a lot, my Feet itch…), accompagné des notes sémillantes des autres membres.

 

On retrouve sur chacune des pistes des éléments novateurs qui placent FAITH NO MORE comme un groupe à part, désireux de se démarquer de la mouvance d’alors : ainsi les cris stridents et l’intermède vaudou de Smaller and Smaller, les arrangements classiques et dérangés qui se mèlent à des riffs dignes de SEPULTURA sur Malpractice ou encore des claviers macabres et un funk délirant au programme de Be Aggressive… Certaines pistes comme Everything’s ruined ou Kindergarten sont plus conventionnelles du point de vue musical même si Patton y injecte toujours une bonne dose de textes ironiques. A small Victory, malgré son introduction digne de Premiers Baisers (désolé), s’avère tout de même sympathique avec son ambiance nipponne et son bridge metal. Pour ce qui est des dernières pistes, on dira que Crack Hitler se révèle passablement démentielle si l’on en croit sa basse funky et ses claviers 80s, tandis que le métallique Jizzlobber nous donne des frissons à l'écoute de la voix distordue de Patton et les riffs tonitruants de Jim Martin. Enfin, la reprise instrumentale de Midnight Cowboy (John Barry) et la magnifique cover du I’m Easy de Lionel Ritchie que tout le monde connaît sans le savoir (I’m easy like Sunday morning…) closent les hostilités. 



 

En trois mots : du-grand-art. Un LP d’une richesse musicale impressionnante et qui érige Patton au rang de chanteur le plus talentueux de sa génération, à la fois versatile et iconoclaste. La suite de la discographie de FAITH NO MORE s’avérera moins réussie, en partie en raison du départ du guitariste Jim Martin, même si Album of the Year (1997) et surtout King for a Day, Fool for a Lifetime (1995) contiennent d’excellents titres et la voie toute tracée vers le neo-metal que les cadors du genre s’empresseront de suivre. Quoi qu’il en soit, Angel Dust, en référence à la Phencyclidine - une puissante drogue dissociative – est à considérer comme l’un des classiques du rock des années 90 et cela, personne ne pourra l’enlever à FAITH NO MORE et à Mike Patton.

 

FAITH NO MORE - Angel Dust (1992)

 


 

 

A LIRE EGALEMENT…

- Une biographie sur Mike Patton

- la chronique de Amenaza al Mundo (1998) et Suspended Animation (2005) de FANTOMAS

- la chronique de Peeping Tom (2006), le premier album de... PEEPING TOM

 

 

Publié dans Metal - Hardcore

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S
Enorme ANGEL DUST, c'est certain!
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J
Ahah, en effet... Quelle baffe ! Rien à voir avec The Real Thing. Ce dernier est déjà excellent, mais là on atteint des sommets... Patton y est MAGISTRAL !
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S
Tu vas te prendre une de ces baffes, mon ami! :-)
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J
Je découvre FNM avec The Real Thing, qu'est-ce que c'est bon ! Mike Patton est dingue... J'ai bien hâte de découvrir ce Angel Dust !
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R
Cet album est intemporel, je l'écoute toujours avec le même plaisir.Mike Patton est un véritable artiste, ses autres projets musicaux en sont une preuve supplémentaire!
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S
Tout à fait... "Angel Dust" reste un grand classique du rock dur des années 90... et Patton l'un de ses meilleurs représentants!