Sweeney Todd, le diabolique Barbier de Fleet Street (Tim Burton, 2007)
Envoyé au cachot pour des crimes qu'il n'a pas commis, Benjamin Barker (Johnny Depp) devra purger quinze ans avant de revoir la lumière du jour et surtout, pouvoir se venger. Eh oui, car le juge Turpin (Alan Rickman) l'a puni pour une bien vile raison : le barbier possédait une femme sublime et le représentant de la loi n'a rien trouvé de mieux pour éliminer ce gêneur. De retour à Londres, Barker relance son commerce et se rebaptise Sweeney Todd. Avec l'aide de sa complice, Mme Mooney (Helena Bonham Carter, madame Burton à la ville), il va assouvir sa soif de vengeance en coupant des gorges et attendant patiemment que les joues barbues de Turpin, poussées par la réputation flamboyante de Todd, viennent se faire raser... et plus, si affinités!
Tim Burton est un adepte de ce qu'on appelle les scénarios Moltonelle, c'est-à-dire ceux qui tiennent sur une feuille de papier-toilette. Qu'importe! On sait bien que les ambiances gothisantes et les dialogues croustillants représentent les piliers de son oeuvre sombre et atypique (entre Ed Wood, Batman et Edward aux Mains d'Argent, il y a de quoi faire). Pour l'occasion, il reprend un conte forcément macabre de Thomas Peckett Prest datant de 1846 et adapté maintes fois en comédies musicales, dont la dernière, écrite par Stephen Sondheim, a fait sensation à Broadway il y a presque trente ans. Eh oui, car durant la majeure partie du film, vous pourrez entendre Johnny et Cie pousser la chansonnette! Et ma foi, la plupart s'en tirent plutôt bien, notamment lors des scènes en duo : Todd et Mooney lorsque le barbier retrouve ses précieuses lames en argent ou encore le duel hilarant entre le héros ébourriffé et un certain Pirelli, une espèce de barbier de Séville joué par l'inénarrable Sasha Baron Cohen (Ali G, Borat). Côté ambiances, on navigue dans les rues glauques de la capitale anglaise et Burton se plait à nous dépeindre des fresques où le noir et le blanc sont majoritaires, hormis durant les scènes sanglantes de la deuxième partie du film, lorsque le rouge s'invite présomptueusement. A noter aussi la scène du pic-nic et son arbre Big Fishien, où des teintes plus claires viennent heurter notre rétine.
Comme souvent avec Burton, la forme (classieuse, réglée dans les moindres détails) l'emporte sur le fond. L'intrigue s'avère certainement plus intéressante que celle des deux précédentes réalisations de l'Américain (Charlie et Les Noces Funèbres), mais paradoxalement, celui-ci ne parvient pas à faire vibrer ses personnages, ce d'autant plus que les dialogues ne sont jamais rasoir et le jeu d'acteur brillant. En théorie, l'amour et la vengeance représentent des thèmes pour le moins déchirants et pourtant, même durant la scène finale, on assiste un peu interloqué à la succession des événements, sans jamais pouvoir RESSENTIR les émotions des protagonistes. Cela n'est pas nouveau avec Burton, donc si vous pouvez allègrement ignorer cet argument - somme toute secondaire pour un artiste qui fait du cynisme sa marque de fabrique – je suis persuadé que vous serez ravi de caresser les lames de Sweeney sans arrière pensée...
Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street
(Sweeney Todd, the demon Barber of Fleet Street)
USA – 2007
réalisé par Tim Burton
avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman
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