DUB WAR : ...And if doing right is wrong, I guess I'm wrong (bio)
Le fait de jeter un œil à la carrière musicale de DUB WAR fait transparaître une certaine frustration : le groupe gallois mené par Benji Webbe a publié deux excellents albums entre 1994 et 1996, le premier à la furie quasi-constante, le second doté d’une diversité réjouissante. Malheureusement, les faibles retombées au niveau du public ont provoqué la scission du groupe et le départ vers d’autres horizons musicaux. Reprenons brièvement le parcours de DUB WAR…
Un premier album, Pain, fusion ultime de metal-funk-jazz mettant en valeur le talent de ses différents membres : Benji Webbe, chanteur noir dont la richesse tonale est plutôt impressionnante, puisqu’il passe de couplets raggamuffin à des refrains hystériques, le guitariste Jeff Rose qui alterne licks allumés et riffs massifs sans manquer de profondeur, et enfin la section rythmique formée de Richi Glover et Martin Ford, toujours inventive et groovy. La furie ambiante est plutôt bien synthétisée dans des pistes telles que l’ouverture Why, Mad Zone ou encore Over Now, tandis que Strike it ou Fools Gold mettent en valeur les propensions jazzy de DUB WAR, qui ne rechigne pas non plus à l’idée de nous asséner des parties punk ou des plages vocales inspirées (Pain, Gorrit). On sent l’influence des groupes de crossover ainsi que la vague « fusion » de RAGE AGAINST THE MACHINE qui vient de frapper la côte atlantique. Il faut cependant préciser que la bande de Benji Webbe s’avère nettement plus éclectique, d’autant qu’on remarquera que l’album a été signé chez Earache, label de metal bruitiste et extrême.
En 1996, le groupe nous livre son deuxième album, le magnifique Wrong Side of Beautiful, sans conteste l’un des LP les plus méconnus et réussis de l’année. Ca débute sur les chapeaux de roue avec un Control nerveux et revanchard. On sent le groupe bien plus apaisé et désireux de construire méthodiquement ses compositions, à l’image de l’inquiétant Armchair Thriller ou du sublime Enemy Maker. Benji a toujours eu une tendance à dresser une critique sociale vénéneuse, mais il le fait ici avec davantage de retenue et de subtilité, se laissant par ailleurs aller à des plages vocales aériennes et éthérées, comme sur le reggae One Chill ou l’excellent Million Dollar Love. On comprend pourquoi DUB WAR n’a pu bénéficier d’un succès commercial massif lors de la sortie de Wrong Side of Beautiful : les agressifs Greedee et Mission y cotoient la magnifique ballade Silencer et le raggamuffin de Can’t Stop. Un tel mélange de genres peut se révéler repoussant pour un auditeur obtu alors que la richesse musicale de cet album lui confère justement son attrait principal, d’autant plus que DUB WAR parvient avec brio à conserver un certain fil conducteur entre les différentes pistes. Ceci grâce à la prestation somptueuse de versatilité de Benji, bien entendu, mais également la justesse du jeu des musiciens, tous sans exception.
En 1998, on note la sortie de Step Ta Dis, un recueil de versions alternatives, puis Webbe quitte le groupe pour se lancer dans un projet de grande envergure qui ne rallie pas non plus beaucoup de suffrages : MASS MENTAL avec Ozzy Osbourne, Mike Bordin (FAITH NO MORE) et Robert Trujillo (SUICIDAL TENDENCIES). On remarquera que le chanteur collaborera avec Max Cavalera pour le titre Prejudice du premier album de SOULFLY, avant de former SKINDRED avec Danite Pea et de vieilles connaissances : Jeff Rose et Martin « Ginger » Ford de DUB WAR. Leur premier album Babylon, dans une veine rap-metal-ragga, a vu le jour en 2002.