SAW : Il n'y a pas de saw me(ur)t(r)ier! (James Wan, 2004)
L’une des surprises majeures de cette année 2005 a été la sortie de SAW, thriller indépendant à budget modéré et au cast composé d’illustres inconnus, si l’on excepte Danny Glover (L’ARME FATALE, PREDATOR 2). Alors, qu’en est-il de ce film ? Un énième flip dans la tradition américaine des SCREAM ? Une resuçée de SEVEN ? Un CUBE retransposé dans une salle de bain ou un film avec un minimum de recherche et d’inspiration ?
J’avais beaucoup d’a priori, mais une fois visionné SAW, j’en suis arrivé à la conclusion qu’il s’agit d’un mélange de tout cela. Reprenons le synopsis en quelques lignes, histoire de vous mettre l’eau à la bouche sans révéler les clés du film, ce qui, vous l'imaginez, représente l’intérêt principal de ce long-métrage. Dès la première scène, nous retrouvons Adam (Leigh Whannell, également scénariste du film) et Lawrence Gordon (Cary Elwes), un chirurgien, enchainés dans une grande pièce avec, au centre de celle-ci, un cadavre qui tient un magnétophone et un pistolet dans ses mains. Les deux personnages n’ont aucune idée de ce qu’ils peuvent fabriquer ici et reçoivent bien vite des instructions d’une voix : Adam doit se débrouiller pour sortir de là (facile !) et le Dr. Gordon doit tuer son compagnon de galère d’ici six heures.
Le réalisateur James Wan, inconnu au bataillon, nous redirige au moyen de flash-backs à la subtilité relative : les détectives Tapp (Glover) et Sing (Ken Leung) sont sur les traces d’un psychopathe qui sévit depuis quelque temps dans la ville. Ce dernier s’amuse à kidnapper des quidam et les placer dans des situations fâcheuses où ils devront faire preuve de leur courage et sang-froid pour échapper à la mort. Il semblerait que Adam et Lawrence soient de nouvelles victimes de ce petit jeu.
Alors qui est ce fameux Dr. Jigsaw (un fan ultime des ROLLING STONES ???), secoué du bocal qui tatoue des pièces de puzzle sur ses victimes ? Quel est le véritable rôle des deux hommes coincés dans la pièce ? Bien malin celui qui parviendra à trouver la solution, puisque Wan prend un malin plaisir à brouiller les cartes (c’est le principe du thriller) avant de nous asséner une conclusion aussi bluffante que crétine. Il est clair que ce film ne peut avoir les prétentions d’un SEVEN ou d’un USUAL SUSPECTS : du point de vue scénaristique, on se pose de sérieuses questions sur la tangibilité de l’histoire et le jeu d’acteur est parfois sérieusement limite. Pour ce qui est du rendu stylistique, on avouera que l’ami Wan parvient assez bien à nous transmettre ces ambiances sombres et flippantes dignes de RESIDENT EVIL. Il n’a cependant rien trouvé de mieux, pour rendre un effet de frénésie et de folie, que de nous faire subir ses crises de parkinsonisme pathétiques. Quant à la musique, mélange de techno et de metal industriel, elle sied au propos de SAW, mais n’est pas d’une créativité débordante pour autant.
Au final, un film plaisant si l’on n’est pas un public trop exigeant et qui contient quelques idées intéressantes, tombant souvent à l’eau en raison de la maladresse du réalisateur. Face au succès en salle de SAW, Lions Gate Films ont tout de suite sauté sur l’option oh combien exploitée de la suite, déjà bouclée et sortie en salle outre-Atlantique, mais qui, semblerait-il, ne soit pas beaucoup plus reluisante.
SAW (USA – 2004)
Réalisé par James Wan
Avec Cary Elwes, Danny Glover, Monica Potter