QUEENS OF THE STONE AGE : Era Vulgaris (chronique, 2007)
Je suis le premier à clamer que QUEENS OF THE STONE AGE est une excellente formation... Josh Homme et ses potes sont parvenus à créer un son à la fois old school, empruntant les riffs des cadors du heavy 70s tout en insufflant cette ambiance druggy qui leur a valu l'appellation d'origine contrôlée Stoner. Le départ de Nick Oliveri, bassiste exhibo à ses heures, pouvait faire présager du pire, car ce dernier savait faire monter les tours et offrait une hargne que Joshua Homme n'a clairement pas. Contre toute attente (?), Lullabies to paralyze m'avait plus que convaincu et certains morceaux de bravoure (comme le diptyque psyché Someone's in the Wolf / The Blood is Love) sont encore dans toutes les mémoires. Quelques changements de line-up plus tard, voici venir Era Vulgaris, la nouvelle galette de QOTSA. 11 titres. 47 minutes. Le propos est plus expéditif que précédemment, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, puisque l'un des seuls inconvéniants que l'on peut éventuellement trouver à Songs for the Deaf (2002) est qu'il trainait un peu en longueur. En fait, Era Vulgaris gagne à se conclure rapidement pour une autre raison : il est chiant. L'introductive Turning on the Screw semble pourtant diriger le groupe sur une bonne voie, avec son riff crasseux, un solo désaxé et ce chant qui n'est pas sans rappeler STONE TEMPLE PILOTS. Mais hormis quelques autres perçées (3's and 7's, Into the Hollow), force est de constater que le groupe parvient rarement à nous séduire. Par chance, Homme est allé piocher - comme pour chaque album - dans ses archives DESERT SESSIONS et y a trouvé le décontract' I wanna make it wit chu, un morceau souvent interprété en live.

Pour le reste, on navigue dans le convenu (I'm Designer, Run Pig Run), de vieilles recettes qui ont fonctionné par le passé (on pense à The Sky is falling ou Tangled up in Plaid) mais qui manquent cruellement de feu sacré, comme si les membres du groupe se contentaient de faire vaguement du bruit : pas une ligne de basse mémorable de la part du pourtant sympathique Alain Johannes (qui cède sa place à Michael Shuman pour la tournée), Joey Castillo qui nous livre le minimum syndical... Heureusement, Troy Van Leeuwen a la bonne idée d'instiller une poignée de licks entêtants (les harmoniques de Into the Hollow, les sonorités quasi-technoïdes de River in the Road) et le claviériste instaure des ambiances limite new wave. Le pire est à venir : le refrain de Sick Sick Sick ou celui de Battery Acid pourraient concourir au titre de « Meilleur déclencheur de migraine de l'année 2007 », quant à Misfit Love, elle est gâchée par la voix de fausset de Homme alors que le riff déboité en intro était de bonne augure. Il paraît qu'il y a des guests sur Era Vulgaris... ils sont si bien fondus dans la masse que cela ne vaut même pas la peine qu'on les cite. Soyons brefs nous aussi : le moins que l'on puisse dire, c'est que cet album des Reines de l'Âge de Pierre est tiède. Era Vulgaris se veut à la fois sexy et symptôme de la décadence hollywoodienne, tandis que certains ont même poussé jusqu'à le décrire comme apocalyptique et sombre. C'est très drôle. De la part d'un groupe qui représentait la quintessence du rock des années 2000, à la fois inventif et abordable, il était en tout cas permis d'attendre davantage. Espérons qu'il s'agit simplement d'un passage à vide.

QUEENS OF THE STONE AGE – Era Vulgaris (Interscope Rec., 2007)